Bulletin of Sri Aurobindo International

Centre of Education

Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo

 

Avril 1973

Avril 1973 Supplement

Contents :

Table des Matières:

The Synthesis of Yoga

The Yoga of Self-Perfection

The Action of the Divine Shakti

— Sri Aurobindo

La Synthèse des Yogas

Le Yoga de la Perfection de Soi

L'Action de la Shakti Divine

— Sri Aurobindo

Sri Aurobindo:

Thoughts and Aphorisms

Mother Answers

Questions and Answers

Notes on the Way

(Translation)

The Mother

Sri Aurobindo:

Pensées et Aphorismes

Mère Répond

Entretiens

Notes sur le Chemin

(Original) 

 — La Mère

Sri Aurobindo

Correspondence with Nirodbaran

Sri Aurobindo

Correspondance  avec Nirodbaran

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

 

The Synthesis of Yoga

 

The Synthesis of Yoga

"All Life is Yoga"

 

Part IV

 

THE YOGA OF SELF-PERFECTION

 

CHAPTER XVII

 

THE ACTION OF THE DIVINE SHAKTI

 

THIS is the nature of the divine Shakti that it is the timeless power — of the Divine which manifests itself in time as a universal force creating, constituting, maintaining and directing all the movements and workings of the universe. This universal Power is apparent to us first on the lower levels of existence as a mental, vital and material cosmic energy of which all our mental, vital and physical activities are the operations. It is necessary for our Sadhana that we should thoroughly realise this truth in order to escape from the pressure of the limiting ego-view and universalise ourselves even on these lower levels where ordinarily the ego reigns in full force. To see that we are not the originators of action but that it is rather this Power that acts in ourselves and in all others, not I and others the doers, but the one Prakriti, which is the rule of the Karmayoga, is also the right rule here. The ego-sense serves to limit, separate and sharply differentiate, to make the most of the individual form and it is there because it is indispensable to the evolution of the lower life. But when we would rise above to a higher divine life we must loosen the force of the ego and eventually get rid of it — as for the lower life the development of ego, so for the higher life this reverse movement of elimination of the ego is indispensable. To see our actions as not our own but those of the divine Shakti working in the form of the lower Prakriti on the inferior levels of the conscious being, helps powerfully towards this change. And if we can do this, then the separation of our mental, vital and physical consciousness from that of other beings thins and lessens, the limitations

La Synthèse des Yoga

"Toute la Vie est un Yoga"

 

Livre IV

 

LE YOGA DE LA PERFECTION DE SOI

 

CHAPITRE XVII

 

L'ACTION DE LA SHAKTI DIVINE

 

LA nature de la Shakti divine peut se définir comme le pouvoir éternel du Divin qui se manifeste dans le temps en tant que force universelle, créatrice, constitutrice, sustentatrice et directrice de tous les mouvements et toutes les opérations de l'univers. Ce pouvoir universel nous apparaît tout d'abord aux niveaux inférieurs de l'existence comme une énergie mentale, vitale et matérielle cosmique dont toutes nos activités mentales, vitales et physiques sont les opérations. Pour notre sâdhanâ, il est indispensable de réaliser pleinement cette vérité afin d'échapper à l'emprise du point de vue limité de l'ego et de nous universaliser même à ces niveaux inférieurs où d'ordinaire l'ego règne en maître. La règle du Karmayoga s'applique ici aussi : nous devons voir que nous ne sommes pas les auteurs de l'action, mais que c'est ce Pouvoir qui agit en nous et en tous ; que ce n'est ni moi ni les autres qui faisons, mais l'unique Prakriti. Le sens de l'ego sert à limiter, séparer et différencier d'une façon tranchante afin de tirer le meilleur parti de la forme individuelle, et il est là parce qu'il est indispensable à l'évolution de la vie inférieure. Mais quand nous voulons nous élever plus haut, à une vie divine supérieure, nous devons dénouer la force de l'ego et finalement nous en débarrasser — de même que le développement de l'ego est indispensable à la vie inférieure, de même le mouvement inverse d'élimination de l'ego est indispensable à la vie supérieure. Voir que nos actions ne sont pas nôtres, mais celles de la Shakti divine qui œuvre sous la forme de la Prakriti inférieure aux niveaux inférieurs de l'être conscient, aide puissamment à ce changement. Et si nous pouvons le faire, la séparation entre notre conscience mentale, vitale, physique

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of its workings remain indeed, but they are broadened and taken up into a large sense and vision of the universal working; the specialising and individualising differentiations of Nature abide for their own proper purpose, but are no longer a prison. The individual feels his mind, life and physical existence to be one with that of others amid all differences and one with the total power of the spirit in Nature.

This, however, is a stage and not the whole perfection. The existence, however comparatively large and free, is still subject to the inferior nature. The sattwic, rajasic and tamasic ego is diminished but not eliminated, or if it seems to disappear, it has only sunk in our parts of action into the universal operation of the Gunas, remains involved in them and is still working in a covert, subconscient fashion and may force itself to the front at any time. The Sadhaka has therefore first to keep the idea and get the realisation of a one self or spirit in all behind all these workings. He must be aware behind Prakriti of the one supreme and universal Purusha. He must see and feel not only that all is the self-shaping of the one Force, Prakriti or Nature, but that all her actions are those of the Divine in all, the one Godhead in all, however veiled, altered and as it were perverted — for perversion comes by a conversion into lower forms — by transmission through the ego and the Gunas. This will farther diminish the open or covert insistence of the ego and, if thoroughly realised, it will make it difficult or impossible for it to assert itself in such a way as to disturb or hamper the farther progress. The ego-sense will become, so far as it interferes at all, a foreign intrusive element and only a fringe of the mist of the old ignorance hanging on to the outskirts of the consciousness and its action. And, secondly, the universal Shakti must be realised, must be seen and felt and borne in the potent purity of its higher action, its supramental and spiritual workings. This greater vision of the Shakti will enable us to escape from the control of the Gunas, to convert them into their divine equivalents and dwell in a consciousness in which the Purusha and Prakriti are one and not separated or hidden in or behind each other. There the Shakti will be in its every movement evident to us and naturally, spontaneously, irresistibly felt as nothing else but the active presence of the Divine, the shape of power of the supreme Self and Spirit.

The Shakti in this higher status reveals itself as the presence or potentiality of the infinite existence, consciousness, will, delight and when it is

et celle d'autrui s'amincit, s'atténue; les limitations du fonctionnement de l'ego restent encore, certes, mais elles sont élargies et absorbées dans un sens large, une vision large du fonctionnement universel, les différentiations de la Nature et ses spécialisations ou individualisations demeurent pour leurs fins, mais elles ne sont plus une prison. L'individu sent que son existence mentale, vitale et physique est une avec celle des autres au milieu de toutes les différences et une avec le pouvoir total de l'esprit dans la Nature.

Cependant, ce n'est là qu'une étape et non la perfection complète. Bien que l'existence soit devenue relativement large et libre, elle reste encore soumise à la nature inférieure. L'ego sâttwique, râdjasique et tâmasique est atténué, mais non éliminé; ou s'il semble disparaître, c'est que, dans nos parties actives, il s'est simplement enfoncé sous les opérations universelles des gouna, reste caché là, et travaille encore à couvert, d'une façon subconsciente, et il peut à tout moment se pousser en avant. Par conséquent, le sâdhak doit d'abord ne pas perdre de vue l'idée d'un moi ou esprit unique en tout, derrière toutes ces opérations, puis réaliser ce moi unique. Derrière la Prakriti, il doit percevoir le Pourousha unique, suprême et universel. Non seulement il doit voir et sentir que tout est modelé par l'unique Force, Prakriti ou Nature, mais que toutes les actions de cette Force sont celles du Divin en tout, de l'unique Divinité en tout, bien qu'elle soit voilée, altérée ou, pour ainsi dire, pervertie (car la perversion vient de la conversion en des formes inférieures) du fait de la transmission à travers l'ego et les gouna. Cette vision atténuera encore les intrusions ouvertes ou voilées de l'ego, et une fois complètement réalisée, l'ego trouvera difficile ou même impossible de s'affirmer au point de déranger ou d'entraver le progrès ultérieur. Le sens de l'ego, si tant est qu'il intervienne, deviendra un élément étranger, importun, et comme une frange seulement du brouillard de la vieille ignorance suspendu à la lisière de la conscience et de son action. Ensuite, il faut réaliser, il faut voir, sentir, pouvoir supporter la Shakti universelle dans toute la pureté puissante de son action supérieure, de son fonctionnement supramental et spirituel. Cette vision plus grande de la Shakti nous permettra d'échapper au contrôle des gouna, de les transformer en leur équivalent divin et de demeurer dans une conscience où le Pourousha et la Prakriti seront un et non séparés ni cachés l'un en l'autre ou l'un derrière l'autre. Dès lors, en

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so seen and felt, the being turns towards it in whatever way, with its adoration or its will of aspiration or some kind of attraction of the lesser to the greater, to know it, to be full of and possessed by it, to be one with it in the sense and action of the whole nature. But at first while we still live in the mind, there is a gulf of division or else a double action. The mental, vital and physical energy in us and the universe is felt to be a derivation from the supreme Shakti, but at the same time an inferior, separated and in some sense another working. The real spiritual force may send down its messages or the light and power of its presence above us to the lower levels or may descend occasionally and even for a time possess, but it is then mixed with the inferior workings and partially transforms and spiritualises them, but is itself diminished and altered in the process. There is an intermittent higher action or a dual working of the nature. Or we find that the Shakti for a time raises the being to a higher spiritual plane and then lowers it back into the inferior levels. These alternations must be regarded as the natural vicissitudes of a process of transformation from the normal to the spiritual being. The transformation, the perfection cannot for the integral Yoga be complete until the link between the mental and the spiritual action is formed and a higher knowledge applied to all the activities of our existence. That link is the supramental or gnostic energy in which the incalculable infinite power of the supreme being, consciousness, delight formulates itself as an ordering divine will and wisdom, a light and power in the being which shapes all the thought, will, feeling, action and replaces the corresponding individual movements. This supramental Shakti may form itself as a spiritualised intuitive light and power in the mind itself, and that is a great but still a mentally limited spiritual action. Or it may transform altogether the mind and raise the whole being to the supramental level. In any case this is the first necessity of this part of the Yoga, to lose the ego of the doer, the ego-idea and the sense of one's own power of action and initiation of action and control of the result of action and merge it in the sense and vision of the universal Shakti originating, shaping, turning to its ends the action of ourselves and others and of all the persons and forces of the world. And this realisation can become absolute and complete in all the parts of our being only if we can have that sense and vision of it in all its forms, on all the levels of our being and the world being, as the material, vital, mental and supramental energy of the

chacun de ses mouvements, la Shakti sera évidente pour nous et nous sentirons naturellement, spontanément, irrésistiblement qu'elle n'est rien autre que la présence active du Divin, l'aspect de pouvoir du Moi et Esprit suprême.

En cet état supérieur, la Shakti se révèle comme la présence ou la potentialité de l'existence infinie, de la conscience, la volonté, la félicité infinies, et quand on la voit et la sent ainsi, l'être se tourne vers elle d'une façon ou d'une autre, avec son adoration ou sa volonté d'aspiration, ou par l'attraction que peut sentir le moindre pour le plus grand, afin de la connaître, d'être empli et possédé par elle, d'être un avec elle dans le sentiment et dans l'action de sa nature tout entière. Mais au début, tant que nous vivons encore dans le mental, il existe un abîme de division, une action double. Nous sentons bien que l'énergie mentale, vitale et physique en nous et dans l'univers dérive de la Shakti suprême, mais, en même temps, que c'est une activité inférieure, séparée, et en quelque sorte un autre fonctionnement. La force spirituelle vraie peut envoyer aux niveaux inférieurs ses messages ou la lumière et le pouvoir de sa présence au-dessus de nous, ou elle peut descendre occasionnellement et même nous posséder pendant un certain temps, mais elle est mélangée aux fonctionnements inférieurs, elle les transforme et les spiritualise partiellement, et, ce faisant, elle s'amoindrit elle-même et s'altère. Nous nous trouvons devant une action plus haute, mais intermittente, ou devant un fonctionnement double de la nature. Ou bien nous nous apercevons que la Shakti soulève l'être pendant un temps à un plan spirituel supérieur, puis le fait redescendre aux niveaux inférieurs. Il faut considérer ces alternances comme les vicissitudes naturelles du processus de transformation afin de passer de l'être normal à l'être spirituel. Pour le yoga intégral, la transformation, la perfection, ne peut pas être complète tant que le chaînon intermédiaire entre l'action mentale et l'action spirituelle ne s'est pas formé et que la connaissance supérieure ne s'applique pas à toutes les activités de notre existence. Ce chaînon, c'est l'énergie supramentale ou gnostique; avec elle, le pouvoir infini et incalculable de l'être, de la conscience et de la félicité suprêmes se formule en tant que volonté et sagesse divines qui organisent, en tant que lumière et pouvoir dans l'être qui façonnent toute la pensée, toute la volonté, les sentiments, l'action, et remplacent les mouvements individuels correspondants.

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Divine, but all these, all the powers of all the planes must be seen and known as self-formulations of the one spiritual Shakti, infinite in being, consciousness and Ananda. It is not the invariable rule that this power should first manifest itself on the lower levels in the lower forms of energy and then reveal its higher spiritual nature. And if it does so come, first in its mental, vital or physical universalism, we must be careful not to rest content there. It may come instead at once in its higher reality, in the might of the spiritual splendour. The difficulty then will be to bear and hold the Power until it has laid powerful hands on and transformed the energies of the lower levels of the being. The difficulty will be less in proportion as we have been able to attain to a large quiet and equality, samatā, and either to realise, feel and live in the one tranquil immutable self in all or else to make a genuine and complete surrender of ourselves to the divine Master of the Yoga.

It is necessary here to keep always in mind the three powers of the Divine which are present and have to be taken account of in all living existences. In our ordinary consciousness we see these three as ourselves, the Jiva in the form of the ego. God — whatever conception we may have of God, and Nature. In the spiritual experience we see God as the supreme Self or Spirit, or as the Being from whom we come and in whom we live and move. We see Nature as his Power or God as Power, Spirit in Power acting in ourselves and the world. The Jiva is then himself this Self, Spirit, Divine, so'ham, because he is one with him in essence of his being and consciousness, but as the individual he is only a portion of the Divine, a self of the Spirit, and in his natural being a form of the Shakti, a power of God in movement and action, parā prakṛtir jīvabhūtā. At first, when we become conscious of God or of the Shakti, the difficulties of our relation with them arise from the ego-consciousness which we bring into the spiritual relation. The ego in us makes claims on the Divine other than the spiritual claim, and these claims are in a sense legitimate, but so long as and in proportion as they take the egoistic form, they are open to much grossness and great perversions, burdened with an element of falsehood, undesirable reaction and consequent evil, and the relation can only be wholly right, happy and perfect when these claims become part of the spiritual claim and lose their egoistic character. And in fact the claim of our being upon the Divine is fulfilled absolutely only then when it ceases

Cette Shakti supramentale peut se former comme une lumière et un pouvoir intuitif spiritualisés dans le mental lui-même, et il en résulte une grande action spirituelle, mais encore limitée mentalement. Ou elle peut transformer complètement le mental et soulever l'être tout entier au niveau supramental. En tout cas, la première nécessité, à ce stade du yoga, est la disparition de l'ego d'auteur, de l'idée même d'ego et du sens de '. notre pouvoir personnel d'action, de notre initiative personnelle d'action, de notre conduite personnelle du résultat de l'action, et de fondre tout cela en le sens et la vision de la Shakti universelle qui engendre, façonne et tourne à ses fins nos actions et celles des autres et de toutes les personnes et toutes les forces du monde. Cependant, cette réalisation ne peut devenir absolue et complète dans toutes les parties de notre être que si nous pouvons en avoir le sens et la vision sous toutes ses formes, à tous les niveaux de notre être et de l'être du monde, et voir que c'est l'énergie matérielle, vitale, mentale et supramentale du Divin; mais toutes ces énergies, tous les pouvoirs de tous les plans doivent être vus et connus comme des formula-. dons de l'unique Shakti spirituelle, infinie en l'être, en la conscience et l'Ânanda. Il n'est pas de règle invariable d'après laquelle ce Pouvoir doive se manifester d'abord aux niveaux inférieurs, sous les formes inférieures de l'énergie, avant de révéler sa nature spirituelle supérieure. Et si elle vient d'abord dans son universalité mentale, vitale ou physique, nous devons prendre soin de ne pas en rester là, satisfaits. Elle peut, au contraire, venir tout de suite en sa réalité supérieure, dans la majesté de sa splendeur spirituelle. La difficulté, alors, sera de supporter et de contenir le Pouvoir jusqu'à ce qu'il ait posé sa main puissante sur les énergies des niveaux inférieurs de l'être afin de les transformer. La difficulté sera moindre si nous avons su acquérir une vaste quiétude et égalité, samatâ, et, où bien réaliser, sentir et vivre le moi immuable et tranquille en tout, ou bien faire un abandon sincère et complet de nous-mêmes au Maître divin du yoga.

Ici, il est nécessaire de ne pas perdre de vue les trois pouvoirs du Divin que l'on retrouve et dont il faut tenir compte dans toutes les existences vivantes. Dans notre conscience ordinaire, nous voyons ces trois pouvoirs ainsi : nous-mêmes, c'est-à-dire le Jîva sous la forme de l'ego, Dieu (quelle que soit la conception que nous en ayons) et la Nature. Dans l'expérience spirituelle, nous voyons Dieu comme le Moi ou Esprit suprême, ou comme

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at all to be a claim and is instead a fulfilment of the Divine through the individual, when we are satisfied with that alone, when we are content with the delight of oneness in being, content to leave the supreme Self and Master of existence to do whatever is the will of his absolute wisdom and knowledge through our more and more perfected nature. This is the sense of the self-surrender of the individual self to the Divine, ātmasamarpaṇa. It does not exclude a will for the delight of oneness, for participation in the divine consciousness, wisdom, knowledge, light, power, perfection, for the satisfaction of the divine fulfilment in us, but the will, the aspiration is ours because it is his will in us. At first, while there is still insistence on our own personality, it only reflects that, but becomes more and more indistinguishable from it, less personal and eventually it loses all shade of separateness, because the will in us has grown identical with the divine Tapas, the action of the divine Shakti.

And equally when we first become aware of the infinite Shakti above us or around or in us, the impulse of the egoistic sense in us is to lay hold on it and use this increased might for our egoistic purpose. This is a most dangerous thing, for it brings with it a sense and some increased reality of a great, sometimes a titanic power, and the rajasic ego, delighting in this sense of new enormous strength, may instead of waiting for it to be purified and transformed throw itself out in a violent and impure action and even turn us for a time or partially into the selfish and arrogant Asura using the strength given him for his own and not for the divine purpose: but on that way lies, in the end, if it is persisted in, spiritual perdition and material ruin. And even to regard oneself as the instrument of the Divine is not a perfect remedy; for, when a strong ego meddles in the matter, it falsifies the spiritual relation and under cover of making itself an instrument of the Divine is really bent on making instead God its instrument. The one remedy is to still the egoistic claim of whatever kind, to lessen persistently the personal effort and individual straining which even the sattwic ego cannot avoid and instead of laying hold on the Shakti and using it for its purpose, rather to let the Shakti lay hold on us and use us for the divine purpose. This cannot be done perfectly at once — nor can it be done safely if it is only the lower form of the universal energy of which we are aware, for then, as has already been said, there must be some other control, either of the mental Purusha or from above, — but

l'Être d'où nous venons et en qui nous vivons et nous nous mouvons. Nous voyons la Nature comme Son pouvoir ou Dieu en tant que pouvoir, l'Esprit comme Pouvoir agissant en nous-mêmes et dans le monde. Le Jîva lui-même est alors ce Moi ou Esprit, ou Divin, sô'ham, parce qu'il est un avec Lui en l'essence de son être et de sa conscience, mais en tant qu'individu, il est seulement une parcelle du Divin, un moi de l'Esprit et, en son être naturel, une forme de la Shakti, un pouvoir de Dieu en mouvement et en action, para prakritir jîvabhoûtâ. Au début, quand nous devenons conscients de Dieu ou de la Shakti, les difficultés de notre relation avec eux viennent de ce que nous introduisons la conscience de l'ego dans la relation spirituelle. L'ego en nous s'approche du Divin avec des exigences qui ne sont pas l'exigence spirituelle, et, en un sens, ces exigences sont légitimes, mais tant qu'elles prennent une forme égoïste, et dans la mesure où elles la prennent, elles prêtent à bien des grossièretés et à de grandes perversions, elles sont chargées d'un élément de mensonge et de réactions indésirables, avec tout le mal qui en résulte; la relation ne peut être tout à fait vraie, heureuse et parfaite que si ces exigences s'assimilent à l'exigence spirituelle et perdent leur caractère égoïste. En fait, les exigences de notre être vis-à-vis du Divin ne peuvent être absolument satisfaites que si elles cessent tout à fait d'être des exigences et deviennent l'accomplissement dû Divin à travers l'individu, si nous sommes heureux seulement de cela, si nous sommes satisfaits seulement de la félicité de l'unité en l'être, satisfaits de laisser le Moi et Maître suprême de l'existence faire tout ce qui est la volonté de sa sagesse et de sa connaissance absolues à travers notre Nature de plus en plus parfaite. Telle est la signification de la soumission du moi individuel au Divin, âtma-samarpana. Elle n'exclut pas la volonté d'obtenir la félicité de l'unité, de participer à la conscience, à la sagesse, la connaissance, la lumière, la puissance et la perfection divines, ni la volonté que le Divin puisse s'accomplir en nous, mais la volonté et l'aspiration sont nôtres parce que telle est Sa volonté en nous. Au début, tant que nous insistons encore sur notre propre personnalité, elle reflète seulement Cela, mais, peu à peu, la distinction avec Cela se fait de moins en moins perceptible, de moins en moins personnelle et, finalement, toute ombre de séparativité disparaît, parce que la volonté en nous est devenue identique au Tapas divin, à l'action de la Shakti divine.

De même, au début, quand nous devenons conscients de la Shakti infinie  

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still it is the aim which we must have before us and which can be wholly carried out when we become insistently aware of the highest spiritual presence and form of the divine Shakti. This surrender too of the whole action of the individual self to the Shakti is in fact a form of real self-surrender to the Divine.

It has been seen that a most effective way of purification is for the mental Purusha to draw back, to stand as the passive witness and observe and know himself and the workings of Nature in the lower, the normal being; but this must be combined, for perfection, with a will to raise the purified nature into the higher spiritual being. When that is done, the Purusha is no longer only a witness, but also the master of his Prakriti, īśwara. At first it may not be apparent how this ideal of active self-mastery can be reconciled with the apparently opposite ideal of self-surrender and of becoming the assenting instrument of the divine Shakti. But in fact on the spiritual plane there is no difficulty. The Jiva cannot really become master except in proportion as he arrives at oneness with the Divine who is his supreme Self. And in that oneness and in his unity with the universe he is one too in the universal self with the will that directs all the operations of Nature. But more directly, less transcendentally, in his individual action too, he is a portion of the Divine and participates in the mastery over his nature of that to which he has surrendered himself. Even as instrument, he is not a mechanical but a conscious instrument. On the Purusha side of him he is one with the Divine and participates in the divine mastery of the Ishwara. On the nature side of him he is in his universality one with the power of the Divine, while in his individual natural being he is an instrument of the universal divine Shakti, because the individualised power is there to fulfil the purpose of the universal Power. The Jiva, as has been seen, is the meeting-place of the play of the dual aspect of the Divine, Prakriti and Purusha, and in the higher spiritual consciousness he becomes simultaneously one with both these aspects, and there he takes up and combines all the divine relations created by their interaction. This it is that makes possible the dual attitude.

There is, however, a possibility of arriving at this result without the passage through the passivity of the mental Purusha, by a more persistently and predominantly kinetic Yoga. Or there may be a combination of both the methods, alternations between them and an ultimate fusion. And here

au-dessus de nous, autour de nous ou en nous, l'impulsion du sens égoïste en nous est de s'en emparer afin de se servir de cette puissance accrue à nos fins égoïstes. C'est ce qu'il y a de plus dangereux, car cela amène le sens, et aussi la réalité accrue d'un grand pouvoir, parfois d'un pouvoir titanesque, et l'ego râdjasique, ravi de ce sentiment de force nouvelle énorme, peut, sans attendre qu'elle soit purifiée et transformée, se lancer dans une action violente et impure, et même, pendant un temps ou partiellement, nous changer en Asoura égoïste et arrogant qui se sert de la force qui lui est donnée à ses propres fins et non aux fins divines; mais si l'on persiste sur ce chemin, la perdition spirituelle et la ruine matérielle nous attendent au bout. Et même si nous nous considérons comme l'instrument du Divin, le remède n'est pas parfait; car, lorsqu'un ego de forte dimension se mêle à l'affaire, il falsifie la relation spirituelle et, sous couvert de faire de lui-même un instrument du Divin, il est en fait résolu à faire de Dieu son instrument. Le seul remède est d'imposer le silence à l'exigence égoïste, quelle qu'elle soit, de réduire avec persistance l'effort personnel et la tension individuelle que même l'ego sâttwique ne peut éviter, et, au lieu de s'emparer de la Shakti pour l'utiliser à nos fins, de la laisser au contraire s'emparer de nous et nous utiliser aux fins divines. Il n'est pas possible de le faire tout de suite parfaitement — et on ne peut pas non plus le faire sans danger si l'on est conscient seulement de la forme inférieure de l'énergie universelle, car, en ce cas, comme nous l'avons déjà dit, il faut une autre direction, soit du Pourousha mental, soit d'au-dessus ; pourtant, tel est le but que nous devons garder devant nous, mais il ne peut être pleinement accompli que quand nous percevons avec insistance la présence et la forme spirituelle suprêmes de la Shakti divine. Cette soumission de toute l'action du moi individuel à la Shakti est, en fait, une forme de la vraie soumission au Divin.

Nous avons vu qu'il y avait un moyen de purification tout à fait efficace : le Pourousha mental se retire en arrière comme un témoin passif afin de s'observer et de se connaître lui-même et de connaître les agissements de la Nature dans notre être inférieur ou être normal; mais, pour la perfection, il faut que cette passivité se combine à une volonté de soulever la nature purifiée à l'être supérieur ou spirituel. Quand on procède ainsi, le Pourousha n'est plus un simple témoin, mais le maître aussi de sa prakriti, Ishwara. Au début, il se peut que l'on ne voie pas

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the problem of spiritual action assumes a more simple form. In this kinetic movement there are three stages. In the first the Jiva is aware of the supreme Shakti, receives the power into himself and uses it under her direction, with a certain sense of being the subordinate doer, a sense of minor responsibility in the action, — even at first, it may be, a responsibility for the result, but that disappears, for the result is seen to be determined by the higher Power, and only the action is felt to be partly his own. The Sadhaka then feels that it is he who is thinking, willing, doing, but feels too the divine Shakti or Prakriti behind driving and shaping all his thought, will, feeling and action: the individual energy belongs in a way to him, but is still only a form and an instrument of the universal divine Energy. The Master of the Power may be hidden from him for a time by the action of the Shakti, or he may be aware of the Ishwara sometimes or continually manifest to him. In the latter case there are three things present to his consciousness, himself as the servant of the Ishwara, the Shakti behind as a great Power supplying the energy, shaping the action, formulating the results, the Ishwara above determining by his will the whole action.

In the second stage the individual doer disappears, but there is not necessarily any quietistic passivity, there may be a full kinetic action, only all is done by the Shakti. It is her power of knowledge which takes shape as thought in the mind; the Sadhaka has no sense of himself thinking, but of the Shakti thinking in him. The will and the feelings and action are also in the same way nothing but a formation, operation, activity of the Shakti in her immediate presence and full possession of all the system. The Sadhaka does not think, will, act, feel, but thought, will, feeling, action happen in his system. The individual on the side of action has disappeared into oneness with universal Prakriti, has become an individualised form and action of the divine Shakti. He is still aware of his personal existence, but it is as the Purusha supporting and observing the whole action, conscious of it in his self-knowledge and enabling by his participation the divine Shakti to do in him the works and the will of the Ishwara. The Master of the power is then sometimes hidden by the action of the power, sometimes appears governing it and compelling its workings. Here too there are three things present to the consciousness, the Shakti carrying on all the knowledge, thought, will, feeling, action for the Ishwara in an instrumental human form, the Ishwara, the Master of existence

comment il est possible de réconcilier cet idéal de maîtrise active de soi avec l'idéal apparemment contraire de soumission de soi et d'instrument consentant de la Shakti divine. Mais en fait, sur le plan spirituel, il n'y a pas de problème. Le Jîva ne peut vraiment devenir  le maître que dans la mesure où il atteint à l'unité avec le Divin, qui est son Moi suprême. Or, dans cette unité et dans son unité avec l'univers, le Jîva est un aussi, en le moi universel, avec la volonté qui dirige toutes les opérations de la Nature. Mais, plus directement et d'une façon moins transcendante, dans son action individuelle aussi, il est une parcelle du Divin et participe à la maîtrise de sa nature, qui est la maîtrise de Cela à qui il a fait sa soumission. Même en tant qu'instrument, il n'est pas un instrument mécanique, il est un instrument conscient. Du côté Pourousha en lui-même, il est un avec le Divin et participe à la maîtrise divine de l'Ishwara. Du côté nature en lui-même, il est un, en son universalité, avec le pouvoir du Divin, tout en étant, en son être individuel naturel,un instrument de la Shakti divine universelle, parce que le pouvoir individualisé est là pour accomplir les desseins du Pouvoir universel. Comme nous l'avons vu, le Jîva est le lieu de rendez-vous du jeu des deux aspects jumeaux du Divin : Prakriti et Pourousha, or, dans la conscience spirituelle supérieure, le Jîva devient un simultanément avec ces deux aspects et, là, il embrasse et combine toutes les relations divines créées par leur interaction. C'est cela qui rend possible la double attitude.

Cependant, il est possible d'arriver à ce résultat sans passer par la passivité du Pourousha mental, par un yoga plus assidûment et plus essentiellement dynamique. Ou encore, on peut combiner les deux méthodes, les alterner et finalement les fondre. En ce cas, le problème de l'action spirituelle prend une forme plus simple. Dans le mouvement dynamique, il existe trois étapes. Avec la première, le Jîva prend conscience de la Shakti suprême, il reçoit le pouvoir en lui-même et l'utilise sous la direction de la Shakti avec un certain sentiment d'être l'auteur secondaire et d'avoir une responsabilité mineure dans l'action — au début, même, ce peut être la responsabilité du résultat, mais ce sentiment disparaît, car l'on voit que le résultat est déterminé par le Pouvoir supérieur et on sent que seule l'action est partiellement nôtre. Dès lors, le sâdhak sent qu'il pense, qu'il veut, qu'il fait, mais il sent aussi que la Shakti divine ou Prakriti, derrière, dirige et façonne toute sa pensée,

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governing and compelling all her action, and ourself as the soul, the Purusha of her individual action enjoying all the relations with him which are created by her workings. There is another form of this realisation in which the Jiva disappears into and becomes one with the Shakti and there is then only the play of the Shakti with the Ishwara, Mahadeva and Kali, Krishna and Radha, the Deva and the Devi. This is the intensest possible form of the Jiva's realisation of himself as a manifestation of Nature, a power of the being of the Divine, parā prakṛtir jīvabhūtā.

A third stage comes by the increasing manifestation of the Divine, the Ishwara in all our being and action. This is when we are constantly and uninterruptedly aware of him. He is felt in us as the possessor of our being and above us as the ruler of all its workings and they become to us nothing but a manifestation of him in the existence of the Jiva. All our consciousness is his consciousness, all our knowledge is his knowledge, all our thought is his thought, all our will is his will, all our feeling is his Ananda and form of his delight in being, all our action is his action. The distinction between the Shakti and the Ishwara begins to disappear, there is only the conscious activity in us of the Divine with the great self of the Divine behind and around and possessing it; all the world and Nature is seen to be only that, but here it has become fully conscious, the Maya of the ego removed, and the Jiva is there only as an eternal portion of his being, aṁśa sanātana, put forth to support a divine individualisation and living now fulfilled in the complete presence and power of the Divine, the complete joy of the Spirit manifested in the being. This is the highest realisation of the perfection and delight of the active oneness, for beyond it there could be only the consciousness of the Avatara, the Ishwara himself assuming a human name and form for action in the Lila.

SRI AUROBINDO

toute sa volonté, ses sentiments et son action ; d'une certaine manière, l'énergie individuelle lui appartient, mais elle n'est malgré tout qu'une forme et un instrument de l'Énergie divine universelle. Pendant un certain temps, le Maître du Pouvoir peut lui être caché par l'action de la Shakti,  ou le sâdhak peut être parfois conscient de l'Ishwara, ou l'Ishwara peut constamment se manifester à lui. En ce dernier cas, trois choses sont présentes à sa conscience : lui-même en tant que serviteur de l'Ishwara ; la Shakti derrière, tel le grand Pouvoir qui fournit l'énergie, façonne l'action, formule les résultats, et l'Ishwara au-dessus qui détermine toute l'action par sa volonté.

Avec la deuxième étape, l'auteur individuel disparaît, sans qu'il y ait nécessairement une passivité quiétiste ; il peut y avoir une action dynamique complète, mais tout est fait par la Shakti. C'est le pouvoir de connaissance de la Shakti qui prend la forme de la pensée dans le mental ; le sâdhak n'a pas le sentiment que c'est lui-même qui pense, mais que c'est la Shakti qui pense en lui. De même, la volonté, les sentiments, l'action ne sont rien autre qu'une formation, une opération et une activité de la Shakti avec sa présence immédiate qui prend complètement possession de tout l'organisme. Le sâdhak ne pense pas, ne veut pas, n'agit pas, ne sent pas, mais la pensée, la volonté, le sentiment et l'action se passent dans son organisme. Du côté de l'action, l'individu a disparu en l'unité avec la Prakriti universelle, il est devenu une forme et une action individualisées de la Shakti divine. Il perçoit encore son existence personnelle, mais c'est comme Pourousha qui observe et soutient toute l'action ; il est conscient du Pourousha en sa connaissance et, par sa participation, permet à la Shakti divine de faire en lui les œuvres et la volonté de l'Ishwara. Le Maître du pouvoir est alors, parfois, caché par l'action du pouvoir, parfois la gouverne visiblement et la pousse à ses œuvres. Ici aussi, trois choses sont présentes à la conscience : la Shakti qui exerce la connaissance, la pensée, la volonté, le sentiment et l'action pour l'Ishwara, à travers une forme humaine servant d'instrument, l'Ishwara, le Maître de l'existence, qui gouverne et pousse toute l'action de la Shakti, et nous-mêmes en tant qu'âme, Pourousha de l'action individuelle de la Shakti, qui jouissons avec lui de toutes les relations créées par ses œuvres à elle. Il existe une autre forme de cette relation où le Jîva disparaît en la Shakti et devient un avec elle, et il ne reste plus, alors, que le jeu de la Shakti avec

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l'Ishwara — Mahâdéva et Kâli, Krishna et Râdhâ, le Déva et la Dévî. Telle est la forme la plus intense de la réalisation que le Jîva peut avoir de lui-même en tant que manifestation de la Nature et pouvoir de l'être du Divin, para prakritir jîvabhoûtâ.

La troisième étape vient avec la manifestation grandissante du Divin, de l'Ishwara dans tout notre être et dans toute notre action. Elle se produit quand nous sommes conscients de Lui constamment et sans interruption. Nous le sentons en nous-mêmes comme le possesseur de notre être et, au-dessus, comme le souverain de toutes nos œuvres qui, pour nous, ne sont plus qu'une manifestation de Lui dans l'existence du Jîva. Toute notre conscience est sa conscience, toute notre connaissance est sa connaissance, toute notre pensée est sa pensée, toute notre volonté est sa volonté, tout notre sentiment est son Ânanda et une forme de sa félicité d'être, toute notre action est son action. La distinction entre Shakti et Ishwara commence à disparaître ; il ne reste en nous que l'activité consciente du Divin et le grand Moi du Divin derrière et autour qui la possède, le monde tout entier et la Nature sont perçus comme étant seulement Cela, mais, ici. Cela est devenu pleinement conscient : la Maya de l'ego a disparu, et le Jîva est là simplement comme une parcelle éternelle de Son être (amshah sanâtanah) émanée pour servir de support à une individualisation divine—il vit désormais accompli en la présence complète et le pouvoir total du Divin, en la joie complète de l'Esprit manifesté dans l'être. Telle est la réalisation la plus haute de la perfection et de la félicité de l'unité active, car, plus loin, il ne saurait y avoir que la conscience de l'Avatar, de l'Ishwara lui-même qui revêt une forme et un nom humains pour agir dans la Lîlâ.

SRI AUROBINDO

It is not very advisable to discuss either myself or the Ashram or spiritual things with hostile minds or unbelievers. These discussions usually bring on the Sadhak a stress of the opposing atmosphere and cannot be helpful to his progress. Reserve is the best attitude ; one need not be concerned to dispel their bad will or their ignorance.

SRI AUROBINDO

("Sri Aurobindo on Himself", 1972, p. 380)

 

*

**

 

Il n'est guère recommandable de discuter de moi ni de l'Ashram ni de choses spirituelles avec des esprits hostiles ou avec ceux qui ne croient pas. Ces discussions amènent généralement sur le sâdhak une pression de l'atmosphère adverse et n'aident pas à son progrès. La réserve est la meilleure attitude ; il n'est pas nécessaire de se mêler de dissiper leur mauvaise volonté ou leur ignorance.

SRI AUROBINDO

("Sri Aurobindo on Himself", 1972, p. 380)

 

 

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Sri Aurobindo

 

Pensées et Aphorismes

 

(suivis de quelques réponses de la Mère)

 

306 — Il n'y a pas de doute que l'ascétisme soit très salutaire ; la caverne est très paisible et le sommet de la colline, merveilleusement agréable ; cependant, agis dans le monde comme Dieu l'a voulu pour toi.

 

SRI Aurobindo nous montre qu'on peut être un ascète par préférence et non par abnégation, et ainsi il nous fait comprendre que d'être le serviteur du Seigneur et d'agir uniquement selon Sa volonté est une condition très supérieure à tout choix personnel, quelle que soit son apparence de sainteté.

26.1.1970

 

307 — Trois fois Dieu a ri de Shankara : d'abord, quand il est revenu brûler la dépouille de sa mère ; ensuite, quand il a commenté l'Isha Oupanishad ; enfin, quand il a traversé l'Inde en tempête pour prêcher l'inaction1.

 

Le Seigneur a ri quand cet homme, qui se croyait si sage, a obéi aux conventions, a écrit des paroles inutiles et a donné l'exemple de la suractivité pour prêcher l'inaction.

27.1.1970

 

308 — Les hommes ne font effort que pour réussir, et s'ils ont le bonheur d'échouer, c'est parce que la sagesse et la

 

1 Shankara (788-820) était le théoricien de l'illusionnisme de l'univers. Il était sannyâsin et avait donc renoncé aux liens du monde, ce qui ne l'a pas empêché d'accomplir les derniers rites de sa mère en tant que fils aîné, comme le veut la coutume indienne. Il a commenté l'Isha Oupanishad en lui faisant dire le contraire de ce qu'elle signifiait pour justifier sa théorie illusionniste, car l'Isha prêche la réalité de Dieu et de l'action.

Sri Aurobindo

 

Thoughts and Aphorisms

 

(Followed by some answers by the Mother)

 

306 — Asceticism is no doubt very healing, a cave very peaceful and the hill-tops wonderfully pleasant; nevertheless do thou act in the world as God intended thee.

 

SRI Aurobindo shows us that one can be an ascetic out of preference and not out of abnegation and so he makes us understand that to be the servant of the Lord and to act only according to His will is infinitely superior to all personal choice, no matter how saintly it appears.

26-1-1970

 

307 — Three times God laughed at Shankara, first, when he returned to burn the corpse of his mother, again, when he commented on the Isha Upanishad, and the third time when he stormed about India preaching inaction1.

 

The Lord laughed when this man, who thought he was so wise, obeyed conventions, wrote useless words and gave the example of overactivity in order to preach inaction.

27-1-1970

 

308 — Men labour only after success and if they are fortunate enough to fail, it is because the wisdom and force of

 

1 Shankara (788-820) upheld the theory that the universe is an illusion. He was a sannyasi and had therefore renounced the ties of the world which did not prevent him; as the eldest son, from performing the funeral rites for his mother according to the Indian custom. In commenting upon the Isha Upanishad he distorted its real meaning in order to justify his theory of Maya (illusion)., for the Isha Upanishad preaches the reality of God and of action.

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force de la Nature l'emportent sur l'habileté de leur intellect. Dieu seul sait quand et comment faire sagement une maladresse et échouer efficacement.

309 — Méfie-toi de l'homme qui n'a jamais échoué ni souffert ; ne t'attache point à son sort, ne combats pas sous sa bannière.

310 — L'homme qui n'a jamais été l'esclave d'un autre, et la nation qui n'a jamais été sous le joug des étrangers sont l'un et l'autre incapables de grandeur et de liberté.

 

Il y a des qualités essentielles qui ne se développent que dans la souffrance et les difficultés. Les hommes les fuient par ignorance, mais le Seigneur Suprême les impose à ceux qu'il a choisis pour Le représenter sur la terre afin de hâter leur développement — car il est la Sagesse Suprême. ,

28.1.1970

 

311 — Ne fixe pas le temps ni la manière dont sera réalisé ton idéal. Travaille et laisse le temps et la manière à Dieu omniscient.

312 — Travaille comme si l'idéal devait s'accomplir vite et de ton vivant ; persévère comme si tu savais qu'il ne sera réalisé qu'au prix d'un millier d'années de labeur encore. Ce que tu n'oses attendre avant le cinquième millénaire peut s'épanouir avec l'aurore de demain, et ce que tu espères et convoites maintenant peut t'avoir été dévolu pour ta centième venue.

 

C'est exactement l'attitude que nous devons tous avoir à l'égard de la transformation : la même énergie et la même ardeur que si nous étions certains de l'obtenir dans la présente existence, la même patience et la même endurance que s'il nous fallait des siècles pour sa réalisation.

29.1.1970

Nature overbear their intellectual cleverness. God alone knows when and how to blunder wisely and fail effectively.

309 — Distrust the man who has never failed and suffered; follow not his fortunes, fight not under his banner.

310 — There are two who are unfit for greatness and freedom, the man who has never been a slave to another and the nation that has never been under the yoke of foreigners.

 

There are certain essential qualities which can only develop through suffering and difficulty. Men recoil from them through ignorance, but the Supreme Lord imposes them upon those He has chosen to represent Him on the earth in order to hasten their development — for he is the Supreme Wisdom.

28-1-1970

 

311 — Fix not the time and the way in which thy ideal shall be fulfilled. Work and leave time and way to God all-knowing.

312 — Work as if the ideal had to be fulfilled swiftly and in thy life-time; persevere as if thou knewest it not to be unless purchased by a thousand years yet of labour. That which thou darest not expect till the fifth millennium, may bloom out with tomorrow's dawning and that which thou hopest and lustest after now, may have been fixed for thee in thy hundredth advent.

 

This is exactly the attitude we must all have as regards the transformation ; the same energy and ardour as if we were certain of obtaining it in our present life, the same patience and endurance as if we needed centuries to realise it.

29-1-1970

 

313 — Each man of us has a million lives yet to fulfil upon earth. Why then this haste and clamour and impatience ?

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313 —Chacun d'entre nous a encore un million de vies à passer sur la terre. Pourquoi donc cette hâte et cette clameur et cette impatience?

314 — Vite, avance à grands pas, car le but est loin ; ne te repose pas indûment, car ton Maître t'attend à la fin du voyage.

 

Comme toujours, ici aussi, Sri Aurobindo voit tous les aspects de la question et, tout en prêchant le calme et la patience aux agités, il secoue et prêche l'énergie à ceux qui sont indolents. C'est dans l'union des opposés que peut se trouver la vraie sagesse et l'efficacité totale.

30.1.1970

 

315 — Je suis las de cette impatience enfantine qui crie et blasphème et nie l'idéal sous prétexte que les Montagnes Dorées ne peuvent s'atteindre dans notre petite journée ni en quelques siècles momentanés.

316 — Sans désir, fixe ton âme sur le but et tiens-y avec la force divine qui est en toi ; alors le but lui-même créera ses propres moyens, ou plutôt il deviendra ses propres moyens. Car le but est Brahman et déjà accompli ; vois-le toujours comme Brahman, vois-le toujours en ton âme comme déjà accompli.

 

Certainement, nous portons tous dans notre âme le but divin du voyage éternel, et notre incapacité personnelle est le seul empêchement à ce que nous en soyons de suite conscients.

La soumission totale et inconditionnée au Seigneur Suprême (Brahman) est le seul et merveilleux moyen de guérir cette incapacité.

1.2.1970

 

317 — Ne fais pas de plans avec ton intellect, laisse ta vision divine arranger 'tes plans pour toi. Lorsqu'un moyen

314 — Stride swiftly, for the goal is far; rest not unduly, for thy Master is waiting for thee at the end of thy journey.

 

Here again, as always, Sri Aurobindo sees all the aspects of the question and while preaching calm and patience to the agitated, he shakes up and preaches energy to the indolent. It is in the union of opposites that true wisdom and total efficacity can be found.

30-1-1970

315 — I am weary of the childish impatience which cries and blasphemes and denies the ideal because the Golden Mountains cannot be reached in our little day or in a few momentary centuries.

316 — Fix thy soul without desire upon the end and insist on it by the divine force within thee ; then shall the end itself create the means, nay, it shall become its own means. For the end is Brahman, and already accomplished; see it always as Brahman, see it always in thy soul as already accomplished.

 

Certainly, we all carry in our soul the divine goal of the eternal journey, and our personal incapacity is the only thing that prevents us from becoming immediately conscious of it.

Total and unconditional surrender to the Supreme Lord (Brahman) is the wonderful and only way of getting rid of this incapacity.

1.2.1970

 

317 — Plan not with the intellect, but let thy divine sight arrange thy plans for thee. When a means comes to thee as the thing to be done, make that thy aim; as for the end, it is, in the world, accomplishing itself and, in thy soul, already accomplished.

318 — Men see events as unaccomplished, to be striven for and effected. This is false seeing. Events are not effected,

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s'impose à toi comme la chose à faire, fais-en ton but ; quant à la fin, elle est en train de s'accomplir dans le monde, et dans ton âme elle est déjà accomplie.

318 — Les hommes voient les événements comme quelque chose d'inaccompli et qu'il faut chercher à atteindre, qu'il faut réaliser. C'est une fausse manière de voir. Les événements ne se réalisent pas : ils se révèlent. L'événement est Brahman déjà accompli de tout temps et qui maintenant se manifeste.

 

On pourrait dire ainsi : tout est de toute éternité, c'est nous qui en prenons conscience progressivement dans ce que nous appelons le monde matériel.

Cette manière de voir et de dire est un renversement total de la conscience de l'homme ordinaire.

2.2.1970

 

319 — De même que la lumière d'une étoile parvient à la terre des centaines d'années après que l'étoile a cessé d'exister, de même un événement déjà accompli en Brahman, au commencement, se manifeste maintenant dans notre expérience matérielle.

 

Oui, mais la volonté de Brahman que nous intervenions dans cet événement date du même moment, et les relations entre eux restent les mêmes. Ainsi, la seule chose importante est de ne pas agir sur une impulsion personnelle, mais sur l'ordre reçu du Brahman.

4.2.1970

 

they develop. The event is Brahman, already accomplished from of old, it is now manifesting.

 

It can be said in this way : everything is from all eternity, it is we who become progressively conscious of it in what we call the material world.

This way of looking at things and of speaking is in total opposition to the consciousness of the ordinary man.

2.2.1970

 

319—As the light of a star reaches the earth hundreds of years after the star has ceased to exist, so the event already accomplished in Brahman at the beginning manifests itself now in our material experience.

 

Yes, but the will of Brahman that we intervene in this event dates back to the same moment and the relation between them remains the same. So the only important thing is not to act on personal impulse, but on the order received from the Brahman.

4.2.1970

THE MOTHER

 

 

 

 

 

 

 

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Mère Répond

 

(Cette quatrième sérié s'adresse

à un jeune moniteur de l'Ashram)

 

La nuit du vendredi 8, j'ai eu un rêve très particulier. Je n'ai pas pu te le raconter au Terrain de Jeu, alors je te le dis maintenant.

C'était un très beau jour, très spécial. Il y avait une réunion importante au Terrain de Jeu et je me dépêchais d'y aller. Mais près du Terrain de Jeu, devant la boutique de "Standard Stores", la route était couverte d'innombrables serpents. J'étais surpris et j'avais bien peur. Alors j'ai voulu prendre un autre chemin pour aller au Terrain de Jeu. Juste à ce moment-là, quelque chose m'a dit au-dedans : "Quoi ! as-tu peur des serpents ? Allons, prends courage et passe à travers eux. Ils ne te feront pas de mal." J'ai passé au milieu d'eux en toute confiance. Pas un seul ne m'a dérangé et je ne les ai pas dérangés non plus. En arrivant au Terrain de Jeu, comme je parlais avec mon ami, tout d'un coup il a fait un bond en arrière avec effroi et il m'a dit : "Attention ! il y a un serpent enroulé autour de ton bras et puis un autre sur l'autre bras, et aussi autour de tes jambes et de tes chevilles." Je n'avais pas senti leur présence jusqu'alors, mais je n'étais pas le moins du monde effrayé. Je les ai pris un par un et je les ai jetés. L'un des serpents était mort parce que j'avais marché dessus.

C'est tout ce dont je me souviens clairement. Ce qui s'est passé ensuite au Terrain de Jeu n'est pas clair dans ma mémoire.

Mère, que penses-tu de ce rêve?

Ton enfant

 

CE rêve est vraiment très intéressant. Les serpents indiquent généralement les mauvaises pensées ou les mauvaises volontés des gens qui vous entourent — ou une attaque hostile qui peut se traduire par une

Mother Answers

 

(This fourth series of answers is

meant for a young monitor of the Ashram)

 

On Friday night the 8th I had a dream quite peculiar in itself. I could not tell you in the playground, so I am relating it to you here.

It was a very fine and special day. There was an important function in the playground, so I was hurrying there. But in front of the Standard Stores, the road was covered with innumerable snakes. I was taken aback and afraid. So I started to go by another road. But just then something spoke to me within: "What! are you afraid of snakes ? Come, take courage and walk through them. They will not harm you." I went quite confidently through them. Not a single one disturbed me and I did not disturb them. When I reached the playground, I began to talk to my friend. He suddenly jumped back with fright and said : "Be careful, there are snakes round your arms, your legs and your ankles." Though I had not felt their presence, I was not in the least alarmed. I took them off one by one and threw them away. One snake was dead because I had stepped on it.

This is all I can remember clearly. I cannot remember exactly what happened in the playground afterwards.

So Mother, what do you think of this dream?

Your child

 

THE dream is indeed very interesting. Snakes generally signify bad thoughts or bad will from people surrounding you—or some adverse attacks that can translate by illness. But, as it was clearly experienced in the dream, if you are not frightened and go on your way

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maladie. Mais comme tu en as eu clairement l'expérience dans ton rêve, si tu n'as pas peur et continues ton chemin sans inquiétude, rien de mal ne t'arrivera.

Avec mes bénédictions.

13.10.1954

*

**

 

De temps en temps, il y a un jaillissement de mauvaises pensées; le mental devient comme un bourbier de passions et je me roule là-dedans comme un ver. Au bout d'un certain temps, je me réveille et je me repens de mes pensées. Mais cette sorte de bataille continue à se répéter. S'il te plaît, aide-moi à en sortir.

 

Il faut continuer à lutter contre les mauvaises pensées jusqu'à ce que tu remportes une victoire totale. Mon Aide est toujours avec toi ainsi que mes bénédictions.

26.1.1961

*

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Ici, nos activités sont si diverses qu'il est difficile d'aller jusqu'au bout d'une même chose. C'est peut-être la raison pour laquelle nous ne sommes pas capables d'aller au-delà d'une moyenne médiocre. Ou bien, est-ce à cause de notre manque de concentration solide !

 

Ce n'est pas la variété et le nombre des activités qui sont la cause de la médiocrité du travail, mais l'absence de pouvoir de concentration.

unconcerned, nothing wrong will happen to you.

With my blessings.

13.10.1954

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From time to time there comes a surge of bad thoughts ; the mind becomes like a mire of passion and I wallow in it like a worm. After a while I wake up and repent of my thoughts. But this kind of struggle continues. Please help me to get out of it.

 

You must continue to fight against bad thoughts until you gain a total victory. My help is always with you as well as my blessings.

26.1.1961

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Here our activities are so varied, that it is difficult to stick to one thing and perfect it. Perhaps that is the reason why we are not able to go beyond a mediocre average. Or is it because of our lack of solid concentration?

 

The cause of mediocre work is neither the variety nor the number of activities, but lack of the power of concentration.

One must learn to concentrate and do everything with full concentration.

4.7.1961

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Il faut apprendre à se concentrer et faire tout ce que l'on fait avec une pleine concentration.

4.7-1961

*

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C'est vraiment un problème si l'on veut éveiller l'intérêt des élèves, que ce soit pour les jeux, l'athlétisme ou la gymnastique. Même notre enthousiasme se fatigue quand on voit leur manque d'intérêt pour tout.

 

L'intérêt des élèves est proportionnel à la vraie capacité de celui qui enseigne.

12.7.1961

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propos de l'auteur de "Lost Footsteps"1) Ce livre montre comment Sri Aurobindo travaille aux quatre coins du monde. Nous qui sommes ici, à l'Ashram, nous ne l'avons même pas encore entr'aperçu.

 

Il y a des gens ici qui le voient et sont constamment en contact avec lui. Ce sont ceux qui l'aiment sincèrement et suffisamment pour vivre selon son idéal.

 

14.7.1961

*

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propos d'un message aux Capitaines) Nous sommes très loin de ce que tu demandes de nous, du moins je le suis. C'est une tâche très

 

1 Par Silviu Craciunas.

It really is a problem to know how to create interest in the students, whether in games., athletics or gymnastics. Even our enthusiasm dwindles when we see their lack of interest in everything.

 

The interest of the students is proportionate to the true capacity of the teacher.

12.7.1961

*

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(Concerning the author of "Lost Footsteps"1) This book shows how Sri Aurobindo is working in the far-off corners of the world. We who are here in the Ashram itself still do not have a glimpse of Him.

 

There are people here who see him and remain constantly in contact with him. It is those who love him sincerely and sufficiently to live according to his ideal.

14.7.1961

*

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(Regarding a message to the Captains) We are very far from what you ask of us, at least I am. It is an arduous task and will take time, a very long time, but what can be done at present! To change our consciousness and become an elite will take a great deal of time. At present, we are on the same level as our students, so the immediate problem is not solved. How can we awaken interest in them for each thing and each day?

 

1 By Silviu Craciunas.

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ardue et 'cela prendra du temps, beaucoup de temps, mais que faire à présent ! Changer notre conscience et devenir une élite prendra beaucoup de temps. À présent, nous sommes au même niveau que nos élèves, alors le problème immédiat n'est pas résolu. Comment créer un intérêt en eux pour chaque chose et chaque jour ?

 

C'est encore plus impossible que de changer et de devenir une élite. Ainsi, le mieux est de se mettre immédiatement au travail. Le reste est seulement une excuse que notre paresse se donne à elle-même.

 

15.7.1961

*

**

 

Je suis allé travailler seulement une heure, car j'avais trop de travail chez moi.

 

Ce n'est pas bon, le travail collectif ne doit pas souffrir à cause du travail personnel.

19.7.1961

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Quand je suis venu ce soir à Toi pour la "Prospérité", j'ai senti une sorte d'inquiétudecomme si j'avais commis une faute —, au lieu d'avoir la sensation de la joie de Te voir. On doit être ardent pour recevoir Tes bénédictions, mais pourquoi n'ai-je pas ce sentiment?

 

Il doit y avoir encore quelque insincérité dans ton être, cachée dans un coin obscur, quelque chose qui ne veut pas changer et craint la Lumière.

1.8.1961

*

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It is even more impossible than to change and become an elite. There-' ire, the best thing is to start work immediately. The rest is simply an excuse that our laziness gives to itself.

15.7.1961

 

I went to work for one hour only, because I had too much work at home.

 

It is not good, the collective work must not suffer because of personal work.

19.7.1961

*

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When I came to You this evening for "Prosperity", I felt a sort of uneasiness — as if I had committed a fault — instead of feeling joy at seeing You. One should he eager to receive Your blessings, but why do I not have that feeling?

 

There must still be some insincerity in your being, hidden in a dark corner, something that does not want to change and fears the Light.

1.8.1961

*

**

 

To-day I did not have that apprehension when I came to You, but

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Aujourd'hui, je n'avais pas cette appréhension de venir à Toi, mais c'était un état passif. Je veux au contraire sentir une joie intense, un moment d'extase. Comment l'obtenir ?

 

Viens avec l'aspiration de te donner, d'offrir tout ton être, sans réserve, à la Grâce Divine, et tu sentiras la félicité à laquelle tu aspires.

6.8.1961

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Je veux une lampe électrique dans le couloir de ma chambre.

 

Il serait plus correct d'écrire (et surtout de penser) : "Serait-il possible d'avoir une lampe électrique dans le couloir ?"

Il est bon que l'ego devienne un peu plus modeste.

13.8.1961

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J'ai certaines choses à Te confesser, mais je n'arrive pas à me décider. Que faire ? Me confesser ou laisser les choses passées s'effacer dans l'oubli du passé?

 

Si tu peux vraiment les laisser s'effacer et ne plus être, même dans ton souvenir, c'est mieux.

3.9.1961

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Tu nous as dit : "Tout le monde prend la vie très légèrement, on

I was in a passive state. I want on the contrary., to feel an intense " joy, a moment of ecstasy. How can I obtain it?

 

Come with the aspiration to give yourself, to offer all your being, without reserve, to the Divine Grace, and you will feel the felicity to which you aspire.

6.8.1961

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I want an electric lamp in the corridor of my room.

 

It would be more correct to write (and above all, to think) : "Would it be possible to have an electric lamp in the corridor ?"

It is good that the ego should become a little more modest.

13.8.1961

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I have certain things to confess to You, but I cannot decide to do it. What shall I do? Confess or let past things be effaced by forgetting the past?

 

If you can really allow them to be effaced and cease to exist, even in your memory, it is better.

3.9.1961

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s'amuse à chaque moment, on est tellement égocentrique." Il est 'tout à fait vrai que nous prenions la vie très légèrement, et c'est devenu si naturel que l'on pense que c'est l'attitude correcte. Et nous sommes égocentriques. Comment sortir de ce piège ? En tout cas, le dosage de ce matin était vraiment très heureux. Je me sens très heureux.

 

Le premier point est de ne pas se placer en pensée, en sentiment et en action au centre de l'univers, de sorte qu'il n'existe qu'en fonction de soi-même — on fait partie de l'univers. On peut s'unifier à lui, mais seul le Seigneur Suprême est son centre, parce qu'il le dépasse et le contient.

19-9-1961

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Dans l'aphorisme No 95, Sri Aurobindo dit que c'est seulement en renonçant ...ou en satisfaisant parfaitement le désir qu'on peut avoir l'expérience totale de Dieu1. Mais la deuxième méthode (en satisfaisant parfaitement le désir) n'est-elle pas très dangereuse, car est-il possible de satisfaire le désir de l'homme ?

 

Ailleurs, il dit explicitement qu'il est mutile d'essayer de satisfaire le désir, car le désir est insatiable et ne peut jamais être satisfait.

Ce qu'il écrit ne doit pas être pris séparément, cela fait toujours partie d'un tout qui est une synthèse de tous les contraires.

27.9.1961

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Nous parlons très souvent du psychique et de l'âme, je ne comprends

 

1 "C'est seulement en renonçant parfaitement au désir ou en le satisfaisant parfaitement que Dieu peut venir nous embrasser absolument, car, dans les deux cas, la condition première est remplie : le désir meurt."

You told us : "Everybody takes life very lightly, one amuses oneself at each moment, one is so self-centred." It is true that we were taking life very lightly, and it has become so natural that we believe this to be the correct attitude. And we are self-centred. How can we get out of this trap ? In any case, the dose this morning was truly very happy. I feel very happy.

 

The first point is : not to place oneself in thought, in feeling and in action, at the centre of the universe, so that it exists only in terms of oneself — one is a part of the universe. One can unite oneself with it, but the Supreme Lord alone is its centre because He surpasses and contains it.

19.9.1961

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In the Aphorism No 95, Sri Aurobindo says that it is only by renunciation ... or by perfect satisfaction of desire that one can have the total experience of God1. But is not the second method (by perfect satisfaction of desire) very dangerous, because is it possible to satisfy man's desire ?

 

Elsewhere, he says explicitly that it is useless to try to satisfy desire, for desire is insatiable and can never be satisfied.

What he writes should not be taken separately, it is always part of a whole which is a synthesis of all the opposites.

27.9.1961

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1 "Only by perfect renunciation of desire or by perfect satisfaction of desire can the utter embrace of God be experienced, for in both ways the essential precondition is effected, — desire perishes."

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rien à ces choses. Quelles sont ces deux choses et comment en 'avoir l'expérience?

 

Sri Aurobindo a beaucoup écrit à ce sujet (dans ses lettres) et j'ai tout expliqué aussi dans le livre Éducation. Il faut lire, étudier et surtout pratiquer.

4.10.1961

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J'ai remarqué une chose : quand je m'assois quelques minutes pour faire un effort de concentration avant de dormir, je me réveille bien tôt et bien frais le jour suivant. Je me concentre sur le petit point lumineux de l'encens. Mais comment se fait-il que je me réveille tôt à cause de cela ? Il n'y a pas de rapport entre ces deux choses !

 

Au contraire, il y a un rapport très concret. Quand tu te concentres avant de dormir, tu restes dans ton sommeil en rapport avec la force Divine, tandis que si tu tombes lourdement dans le sommeil sans concentration préliminaire, tu t'enfonces dans l'inconscient et le sommeil est plus une fatigue qu'un repos et il est difficile de sortir de cet abrutissement.

8.10.1961

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Je voudrais que tu regardes attentivement en toi-même et que tu tâches de m'expliquer ce qui exactement t'amuse dans les histoires de détectives.

16-10-1961

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We speak very often of the psychic and the soul, but I understand nothing about these. What are these two things and how can one experience them ?

 

Sri Aurobindo has written a lot on this subject (in his letters) and I too have explained everything in the book on "Education". One must read, study and above all practise.

4.10.1961

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I have noticed one thing : when I sit down a few minutes and make an effort of concentration before sleeping, the next day I wake up quite early and quite fresh. I concentrate on the tiny luminous point of an incense-stick. But how is it that I wake up early because of that ? There is no relation between these two things!

 

On the contrary there is a very concrete relation. When you concentrate before sleeping, you remain in your sleep in contact with the Divine force, but when you fall heavily into sleep without preliminary concentration, you plunge into the inconscient and the sleep is more fatiguing than restful, and it is difficult to come out of this sluggishness.

8.10.1961

 

I want you to look attentively into yourself and try to explain to me what exactly it is that you enjoy in detective stories.

16.10.1961

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Je les lis comme une relaxation. Dans les histoires de détectives (surtout Perry Mason), il y a toujours une scène à la cour où l'avocat Perry Mason est sûr de perdre sa cause, son client est accusé de meurtre, toutes les preuves sont contre lui, mais le coup de maître de l'avocat Perry Mason change la situation. Tout au long de l'histoire, il y a des mystères et le procès est comme une acrobatie mentale d'un maître gymnaste. Mais chaque fois que je termine son livre, je sens que je n'ai rien gagné, rien appris de nouveau, c'était une perte de temps.

 

Ce n'est pas absolument inutile; sans doute avais-tu beaucoup de tamas dans ton mental et l'acrobatie mentale de l'auteur secoue un peu ce tamas et éveille le mental. Mais cela ne peut avoir qu'un temps et bientôt il faut se tourner vers des choses supérieures.

16.10.1961

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(Le jour de Lakshmî-poûdjâ, après le Darshan) J'attends le jour où cette joie et cette félicité s'établiront pour toujours en moi. Maintenant, ce n'est qu'un rêve et une expérience passagère comme aujourd'hui. Mais j'espère la réaliser pour toujours par Ton Aide.

 

Persiste dans ton aspiration et le rêve se réalisera.

23.10.1961

 

I read them as a relaxation. In detective stories (specially Perry Mason)-, there is always a courtroom scene in which the lawyer Perry Mason is certain to lose his case, his client is accused of murder, all the proofs are against him, but the master stroke of the lawyer Perry Mason changes the situation. Right through the story there are mysteries and the trial is like the mental gymnastics of a master gymnast. But each time, when I have finished the book, I feel that I have gained nothing, learnt nothing new, that it was a waste of time.

 

It is not absolutely useless. You have doubtless a great deal of tamas in your mind and the mental acrobatics of the author shake up this Tamas a little and awaken the mind. But this cannot last long and soon you must turn to higher things.

16.10.1961

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(On the Lakshmi-puja day after Darshan) I await the day when this joy and this felicity will be established in me for ever. Now, it is but a dream and a passing experience like to-day'1 s. But I hope to realise it forever with Your Help.

 

Persist in your aspiration and the dream will be realised.

23.10.1961

THE MOTHER

 

 

 

Top

 

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Entretiens

 

Le 27 Janvier 1954

 

Douce Mère, la formation du corps d'une personne exprime-t-elle son caractère?

 

NON. Seulement c'est le caractère lui-même qui n'est pas simple, c'est-à-dire que le caractère d'une personne n'est pas l'expression de son être véritable, mais le résultat de bien des choses. Par exemple, l'atavisme peut s'exprimer, c'est-à-dire ce qui vient du père, de la mère, de la combinaison des deux qui peut avoir un résultat différent, de ce qui les a précédés — les antécédents, grands-pères, arrière-grands-pères, etc. ; puis du milieu dans lequel les gens ont vécu quand ils étaient tout petits et qu'ils n'avaient pas d'indépendance du tout. Cela influe considérablement sur le caractère. Et ce caractère influe sur la formation physique. Alors, on ne peut pas dire en voyant quelqu'un quelle est exactement sa vraie nature. On peut dire sa tendance, on peut dire ses difficultés, on peut dire ses possibilités, mais c'est seulement à mesure que la croissance de la conscience se fait et que le développement devient volontaire et organisé que le corps peut commencer à exprimer le vrai caractère de la personne.

 

Et quand le corps est déformé par des maladies ?

 

Ce peut être un accident, n'est-ce pas. Les accidents sont le résultat de bien des choses ; en fait, c'est le résultat du conflit des forces dans la nature, un conflit entre les forces de croissance et de progrès, et les forces de destruction. Quand il y a un accident — un accident qui produit des conséquences durables —, c'est toujours le résultat d'une victoire plus ou moins partielle des forces adverses, c'est-à-dire des forces de désintégration, de désorganisation. Cela dépend.

Questions and Answers

 

January 27, 1954

 

Mother, does a persons body-formation express his character ?

 

NO. Even the character itself is not a simple affair, that is, the character of a person is not the expression of his true being but the result of many things. For example, atavism may be expressed, that is, what comes from the father, the mother, from both together which may have a different result, from what has gone before them — the past history, grandfathers, great-grandfathers, etc., and then from the environment in which people have lived when they were very young and had no independence at all. That has a considerable effect on the character. And this character affects the physical formation. So, just by seeing somebody one cannot quite say what his true nature is. One may describe his tendencies, know his difficulties, his possibilities, but it is only with the growth of the consciousness and as the development becomes voluntary and organised that the body can begin to express the true character of the person.

 

And when the body has been deformed by illness ?

 

That may be an accident, you know. Accidents are due to many things, in fact they are the result of a conflict of the forces in nature, a conflict between the forces of growth and progress and the forces of destruction. When there is an accident, an accident that has lasting results, it is always the result of a more or less partial victory of the adverse forces, that is, of the forces of disintegration, disorganisation. That is to be seen.

There are teachings, like that of theosophy for instance, which take Karma in an altogether superficial and human sense and tell you : "Oh ! you have met this accident because in your last life you must have done something bad, so that comes back upon you in the form of an accident."

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Il y a des enseignements, comme ceux de la théosophie, par exemple, qui ont pris le Karma dans un sens tout à fait superficiel et humain et qui vous disent : "Oh ! vous avez subi cet accident parce que, dans une vie antérieure, vous avez fait une mauvaise action quelconque, alors cela retombe sur vous sous forme d'accident." Ce n'est pas exact, ce n'est pas du tout exact. Ça, c'est une justice humaine ; ce n'est ni le genre de justice de la Nature, ni le genre de justice du divin.

Naturellement, la formation du corps est très importante en ce sens que si, par exemple, on est constamment sous l'influence d'une dépression, d'un pessimisme, d'un découragement, d'un manque de foi et de confiance dans la vie, tout cela entre, pour ainsi dire, dans la matière, et alors certaines gens, quand il y a une possibilité d'accident, ne la manquent jamais. Chaque fois qu'il peut leur arriver quelque chose, ils l'attrapent, soit une maladie, soit un accident. Vous avez tout un champ d'observation ici — c'est toujours aux mêmes qu'il arrive des accidents. Il y en a d'autres qui font la même chose, ils ont autant de chances d'avoir un accident, mais ils ne sont pas touchés. Si vous observez leur caractère, vous verrez que les uns ont une tendance au pessimisme et qu'ils s'attendent plus ou moins à ce que quelque chose de désagréable leur arrive — ça leur arrive. Ou alors ils ont peur. Nous savons que la peur amène toujours ce que l'on craint. Si vous avez peur d'un accident, c'est comme un aimant qui attire l'accident à vous. De cette façon, on peut dire que c'est le résultat du caractère. Et c'est la même chose pour les maladies. Il y a des gens qui peuvent se promener parmi les malades et dans les endroits où il y a des épidémies, ils n'attrapent jamais de maladies. Il y en a d'autres, il suffit qu'ils passent une heure avec quelqu'un de malade, ils attrapent la maladie. Ça aussi, cela dépend de ce qu'ils sont au-dedans d'eux-mêmes.

 

Et les enfants aussi, est-ce la même chose?

 

On ne peut pas dire. C'est une question morale. Il ne faudrait pas juger le problème d'un point de vue moral, dire que ce sont "les bons enfants" qui sont toujours en bonne santé et à qui il n'arrive rien, et que ce sont "les méchants" à qui il arrive les accidents et qui attrapent les catastrophes.

This is not true, not at all true. This is but human justice, it is neither the justice of Nature nor the justice of the Divine.

Naturally the formation of the body is very important in this sense that if, for instance, one is constantly under the influence of a depression, of pessimism, discouragement, a lack of faith and trust in life, all this enters, so to say, into one's substance, and then some men, when there is a possibility of an accident, never miss it. Every time there is a chance of something happening to them, they catch it, be it an illness or an accident. You have a whole field of observation here—it is always the same people who meet with accidents. Others do the same thing, have as many chances of having an accident, but they are not touched. If you observe their character you will see that the former have a tendency to pessimism and more or less expect something unpleasant to happen to them — and it happens. Or else they are afraid. We know that fear always brings what one fears. If you fear an accident, this acts like a magnet drawing the accident towards you. In this sense, it may be said that it is the result of character. And the same thing holds for illness. There are people who can move about among the sick and in places where there are epidemics, they never catch a disease. There are others — it is enough for them to spend an hour with a sick person, they catch the illness. That too depends on what they are within themselves.

 

And for children, is it also the same thing ?

 

One cannot say. It is a moral question. The problem should not be judged from a moral point of view, one should not say that those who always enjoy good health and to whom nothing happens are "good children" and those who meet with accidents and suffer catastrophes are "bad". That is not correct. For, as I was saying, the logic of Nature is not human logic and its sense of justice (if it has any) is not human sense. For it there is very little of what we call good and bad. It could rather be said that there is what is constructive and what is destructive, what is progressive and what is retrograde. That indeed is very important. And then there are those who are luminous, sunny, happy, smiling and those who are gloomy, dull, misanthropic, dissatisfied, who live in grey shadows. It is

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Ce n'est pas exact. Parce que, comme je le disais, la logique de la Nature n'est pas une logique humaine et son sens de la justice (si elle en a) n'est pas un sens humain. Pour elle, il y a très peu de ce que nous appelons bon et mauvais. On pourrait dire plutôt qu'il y a ce qui est constructif et ce qui est destructif, ce qui est progressif et ce qui est rétrograde. Ça, c'est très important. Et alors, il y a ce qui est lumineux, solaire, heureux, souriant, et ce qui est morne, terne, misanthrope, mécontent—ce qui vit dans une grisaille. Ce sont ceux-là qui attrapent toutes les choses désagréables. Ceux qui rayonnent (ils peuvent rayonner sans que ce soit un rayonnement spirituel, ce peut être seulement un rayonnement de bon sens, d'équilibre, de confiance intérieure, de joie de vivre), ceux qui portent en eux la joie de vivre, ceux-là sont en harmonie avec la Nature et, étant en harmonie avec la Nature, généralement ils évitent les accidents, ils sont immunisés contre les maladies, et leur vie se développe agréablement, autant qu'il est possible dans le monde tel qu'il est. Alors?

 

"Couramment, on rencontre la croyance que les brillants esprits sont dans des corps chétifs."

(Éducation, p. 23)

Je n'ai pas compris !

 

Ça, c'étaient les vieilles idées du siècle dernier. Ce n'est plus maintenant à la mode, mais à la fin du siècle dernier, on croyait toujours que plus les gens étaient chétifs et malingres, plus leur esprit était brillant, plus ils étaient intelligents ! Certains même expliquaient que le développement de leur intelligence venait du fait qu'ils n'étaient pas capables de jouir de leur corps — parce qu'ils étaient tout à fait incapables de vivre pleinement, alors toute leur attention s'était tournée vers leur esprit et c'est comme cela que leur intelligence s'était développée. Il y avait même un temps où il était à la mode d'avoir l'air un peu maladif. Les poètes, par exemple, prenaient des airs ... Un artiste, il fallait qu'il soit un peu chétif pour donner l'impression qu'il brûlait de l'esprit ! Mais c'est passé. Ça a passé même avant que vous ne soyez nés, je crois. C'était l'époque romantique, la fin du siècle dernier. Des hommes comme Musset, par

these who catch all the unpleasant things. Those who are radiant (they may be radiant without its being a spiritual radiance, it may be just a radiation of good sense, balance, an inner confidence, the joy of living), those who carry in themselves the joy of living, these are in harmony with Nature and, being in harmony with Nature, generally they avoid accidents, they are immune from diseases and their life develops pleasantly as far as it is possible in the world as it is. And now ?

 

"There is a current belief that brilliant minds have weak bodies."

(Education, p. 21)

I haven't understood this.

 

These were old ideas of the last century. They are no longer in fashion now, but at the end of the last century it was always thought that the more weak and sickly people were, the more was their mind brilliant, the more were they intelligent ! Some even explained that the development of their intelligence was due to the fact that they could not draw any joy from their body — for they were quite incapable of living fully, so all their attention was turned to their mind, and it was thus that their intelligence had developed. There was even a time when it was the fashion to look a little sickly. The poets, for instance, put on these airs.... An artist, he had to be a little sickly to give the impression that his mind was all afire ! But that is now over. It was finished even before you were born, I believe. It was the romantic age, the end of the last century. Men like Musset, for instance — I don't know if you have ever seen a portrait of Musset, but indeed he had a sentimental and sickly look, and he added to it by his dress as much as he could. It was thought that it gave an artistic and poetic appearance. But now this is altogether out of fashion. People favour a good physical balance, good health, a strong body and all that is given by the physical training of children.

I read a story by a very well-known French novelist (it was a novel), which was set in prehistoric times, in the Stone Age, when man lived in caves, dressed in animal-skins and hunted in order to eat and in self-defence. Now, it happened that by some sort of accident a child was born

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exemple — je ne sais pas si vous avez jamais vu le portrait de Musset, mais enfin il avait un air sentimental et maladif, et il accentuait cela par son costume autant qu'il pouvait... On pensait que cela donnait l'air artistique et poétique. Mais maintenant c'est tout à fait passé de mode. On est pour le bon équilibre physique, la bonne santé, le corps solide et tout ce que donne la culture physique des petits.

J'ai lu une histoire par un romancier français très connu (c'était un roman), qui se passait aux temps préhistoriques, à l'âge de pierre, où l'homme vivait dans les cavernes, se vêtait de peaux de bêtes et chassait pour manger et se défendre. Alors, il se trouvait que, par un accident quelconque, un enfant était né boiteux, ou enfin déformé, ou bossu, ou quelque chose comme cela. Et généralement, dans ce temps-là (on le raconte, je ne sais pas), on détruisait les enfants malformés parce que c'était un encombrement. Mais, pour une raison quelconque, sa mère l'avait caché et il avait vécu. Et alors, ce garçon qui n'avait aucun moyen de chasser, par exemple, ni de faire tous les travaux que ses compagnons faisaient, avait commencé à développer son intelligence et il était devenu le premier poète, parce qu'il exprimait par sa parole ce que les autres faisaient avec leurs gestes. Eh bien, ce sont justement des idées comme cela qui sont à l'origine de ce sentiment que, pour avoir un esprit, il ne faut pas avoir de corps, et que, plus on est malade, plus on est intelligent. C'est assez fâcheux !

Il est vrai qu'il y a une certaine indépendance. Je crois vous avoir raconté la dernière fois qu'il y avait un poète français appelé Sully Prudhomme qui se mourait d'une très grave maladie — une maladie très douloureuse et très grave —, et c'est à ce moment-là qu'il écrivait ses plus beaux poèmes et qu'il disait à ses amis les plus belles choses. Son esprit était très indépendant de son corps. Mais enfin, ce n'est pas une règle absolue.

 

Chez les enfants, le psychique est toujours devant eux, non ?

 

Pas toujours. Le psychique est plus "en avant" que plus tard quand ils grandissent et que le mental se développe, mais on ne peut pas dire que dans tous les enfants on sente le psychique. Et on ne peut pas juger

lame or at least deformed or humped or something like that. And generally, in those days (so it is narrated, I don't know), ill-formed children were destroyed for they were an encumbrance. But for some reason or other its mother had hidden it and it had lived. And then this boy who had no means of hunting, for instance, or of doing all the work his companions were doing, had begun to develop his mind and had become the first poet, because he expressed in his words what the others did with their hand-gestures. Well, it is just ideas like these which are at the root of this feeling [hat in order to have a mind one must not have a body, and that the more ill one is, the more is one intelligent. Isn't that quite silly ?

It is true that there is a certain independence. I think I spoke to you last time about a French poet called Sully Prudhomme who was dying of a very serious disease—a very painful and grave disease, and it was at that time he wrote his most beautiful poems and said the most beautiful things to his friends. His mind was quite independent of his body. But still, this is not an absolute rule.

 

In children the psychic is always in the front, isn't it ?

 

Not always. The psychic is more "in front" than later when they grow up and the mind develops, but it can't be said that in all children the psychic may be felt. And one cannot judge from what we have here, for the condition of admission I make when children are brought to me is this : if I see the psychic on the surface I take them, but if they are already veiled by all sorts of deformed activities, I don't take them. So, those whom we have here are an exception. That's the cream. That is a choice.

 

But why are there greedy children ?

 

Oh ! good heavens ! greedy, that's not a crime ! There are greedy children. Perhaps they have a bad digestion and so always want to eat. They don't gain by what they eat. The whole outer being is full of difficulties of all kinds, in everybody — in children also. You could ask me with much more justification : "Why are there such cruel children ?"

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d'après ce qu'il y a ici, parce que la condition d'admission, pour moi, quand on m'amène des enfants, est celle-ci : si je vois le psychique à la surface, je les prends, mais s'ils sont déjà voilés par toutes sortes d'activités déformées, je ne les prends pas. Alors ceux que vous avez ici sont une exception. C'est une crème. C'est un choix.

 

Mais pourquoi y a-t-il des enfants gourmands?

 

Oh ! mon dieu ! gourmand, ce n'est pas un péché ! Il y a des enfants gourmands. Peut-être ont-ils une mauvaise digestion et ils ont toujours envie de manger. Ils ne profitent pas de ce qu'ils mangent. Tout l'être extérieur est plein de difficultés de tous genres, chez tout le monde — chez les enfants aussi. Tu pourrais me dire avec beaucoup plus de raison : "Pourquoi y a-t-il des enfants si cruels ?" Ça, c'est l'une des choses les plus effarantes ... Mais c'est de l'inconscience. C'est parce qu'ils ne se rendent même pas compte qu'ils font souffrir. Et généralement, si l'on prend soin de leur faire comprendre — par l'exemple, par l'expérience —, alors ils comprennent. Les enfants qui maltraitent les animaux (il y en a beaucoup), mais c'est parce qu'ils ne savent même pas que les animaux sentent comme eux. Quand on leur fait comprendre que quand ils pincent, qu'ils tirent les poils des bêtes et leur donnent des coups, ça leur fait mal, et au besoin qu'on leur montre sur eux-mêmes comment cela fait mal, alors ils ne le font plus !

Il y en a qui sont particulièrement méchants. Ceux-là sont sous une influence perfide. Et quelquefois, cela se montre dès l'enfance, et ils le sont toute leur vie, à moins qu'ils ne se convertissent, ce qui n'est pas facile.

Il y a une sorte d'association entre le physique et le psychique, et entre le mental et le vital. Un être mental est très souvent un être très vital. Un être psychique est très souvent un être physique. Les enfants — justement parce qu'ils ont cette conscience psychique en avant, comme cela —vivent aussi tout à fait dans leur corps. Tandis que, dès que l'on commence à développer le mental, le goût de l'association se développe aussi, avec tout ce que cela comporte de déformations. Les gens qui font des distinctions très sévères entre les hommes et les femmes (je ne sais

That indeed is one of the most dreadful of things .... But it comes through unconsciousness. It is because they are not even aware that they are making others suffer. And generally, if care is taken to make them understand — for instance, through experience — then they understand. Children who ill-treat animals (there are many of these), — but that is because they don't even know that animals feel as they do. When they are made to understand that when they pinch animals or pull their hair and beat them it gives them pain, and if necessary when they are shown on their own bodies how it hurts, they don't do it any more !

There are some who are particularly wicked. These are under a perfidious influence. And at times this shows itself from their very infancy and they are like that all through their life, unless they are converted, which is not easy.

There is a sort of association between the physical and the psychic and between the mental and the vital being. A mental being is very often a very vital being. A psychic being is very often a physical being. Children — just because this psychic consciousness is in front in them — live also altogether in their body. But as soon as one begins to develop the mind, the taste for association also develops, with all the deformations that go with it. People who make very strict distinctions between man and woman (I don't know why, for one is as good as the other), say that man is mental and vital and woman physical and psychic. There is some truth in it. But naturally it involves all possible exceptions and complications. These are arbitrary simplifications. In fact the physical being has a simplicity and even a good will (which is not always very enlightened, far from it), but still a simplicity and good will which put it in closer relation with the psychic than the passions of the vital or the pretensions of the mind. And it is probably because of that also that in children the psychic can feel more at ease, being less constantly jostled by mental and vital contradictions.

 

How can one know whether the psychic being is in front or not ?

 

Who ? Oneself ?... It is not felt, no ? You don't feel it ? I am not speaking of a small child, for it has no means of control and observation,

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pas pourquoi, parce qu'ils se valent), disent que l'homme est mental et vital, et que la femme est physique et psychique. Il y a quelque chose de vrai. Mais naturellement, cela comporte toutes les exceptions et toutes les complications possibles. Ce sont des simplifications arbitraires. En fait, le physique a une simplicité, et même une bonne volonté (qui n'est pas toujours très éclairée, il s'en faut), mais enfin une simplicité et une bonne volonté qui le mettent plus en rapport avec le psychique que les passions du vital ou les prétentions du mental. Et c'est probablement pour cela aussi que, chez les enfants, le psychique peut être là plus à son aise, moins heurté constamment par des contradictions mentales ou vitales.

 

Comment peut-on savoir que l'être psychique est en avant ou non ?

 

Qui ? Soi-même ? ... Ça ne se sent pas, non ? Tu ne le sens pas ? Je ne dis pas un petit enfant, parce qu'il n'a aucun moyen de contrôle et d'observation, il manque de la capacité d'observation. Mais enfin, quand on n'est plus bébé, on ne sent pas ? Ça ne fait pas une différence ? ... (L'enfant approuve de la tête) Ah ! ... Il n'y en a pas un qui osera me dire que cela ne fait pas une différence quand le psychique est là, quand on se sent meilleur en soi-même, quand on est plein de lumière, d'espoir, de bonne volonté, de générosité, de compassion pour le monde et que l'on voit la vie comme un champ d'action, de progrès, de réalisation. Cela ne fait pas une différence avec les jours où on est ennuyé, ronchonnant, où tout paraît laid, désagréable, méchant, où l'on n'aime personne, où l'on a envie de tout casser, où l'on se met en colère, où l'on se sent mal à l'aise, sans force, sans énergie, sans joie ? — Cela fait une différence, non ?

 

Cela peut faire une différence-, mais on ne comprend pas que le psychique est quelque chose d'autre.

 

Naturellement si personne ne vous a jamais enseigné ce qu'est le psychique, ce qu'est le vital, vous ne pouvez pas mettre de notion sur la chose. Vous pouvez dire : aujourd'hui, je suis dans un bon état ; hier, je

it lacks the capacity of observation. But then, when one is no longer a baby, doesn't one feel ? It doesn't make a difference ?... (The child nods in assent) Ah !... There is not one of you who will dare to tell me that it makes no difference when the psychic is there, when one feels better within oneself, when one is full of light, hope, good will, generosity, compassion for the world, and sees life as a field of action, progress, realisation. Doesn't it make a difference from the days when one is upset, grumbling, when everything seems ugly, unpleasant, wicked, when one loves nobody, wants to break everything, gets angry, feels quite uneasy, without strength, without energy, without any joy ? That makes a difference, doesn't it ?

 

It may make a difference, but one doesn't understand that the psychic is something else.

 

Naturally, if nobody has ever taught you what the psychic or the vital is, you cannot have any notion of the thing. You may say : "Today I am in a good state, yesterday I was not". Till I was twenty-four I knew nothing about all these things, and yet I could distinguish very well these movements. I did not use these words because no one had taught them to me and I had never read anything, but I felt very clearly the difference at different moments and in what state of consciousness I was.

But you who are here, after all that you have heard and all that you have read and all that I have taught you, you should be conversant with all the movements within you and be able to fix a little label : this is this, that is this other.

Do you know the days you are in good health and the days when you are ill ? Physically. Do you know it ?

 

Physically, yes.

 

Physically, quite sure ? When you get up in the morning, can you say whether today the balance is good or not ?

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ne l'étais pas. J'ai vécu jusqu'à vingt-quatre ans sans savoir rien de toutes ces choses, et pourtant je distinguais bien ces mouvements. Je ne mettais pas ces mots parce que personne ne me les avait enseignés et je n'avais jamais rien lu, mais je sentais très bien la différence d'après les moments, et dans quel état de conscience je me trouvais.

Mais vous, ici, après tout ce que vous avez entendu et tout ce que a vous avez lu, et tout ce que je vous ai enseigné, vous devriez être au courant de tous les mouvements au-dedans de vous et pouvoir mettre une I petite étiquette : c'est celui-ci, c'est celui-là.

Savez-vous les jours où vous êtes en bonne santé et les jours où vous êtes malade ? Physiquement. Est-ce que vous le savez ?

 

Physiquement, oui.

 

Physiquement, tout à fait sûr ? Quand vous vous réveillez le matin, pouvez-vous savoir si, aujourd'hui, l'équilibre est bon ou il n'est pas bon ?

 

Ça change avec le jour.

 

C'est vrai, ça change tout le temps. Même dans la journée. Mais quand vous venez de vous réveiller, quand vous êtes juste réveillé, quand vous commencez votre journée, est-ce que vous commencez votre journée tous les jours de la même manière ?

 

Non.

 

Ah ! Il y a des jours où il vous semble que tout est harmonieux, et il y a des jours où vous êtes comme avec des rouages qui grincent. Ça grince au-dedans de vous, ça ne tourne pas rond. Eh bien, c'est quelque chose comme cela. Si vous observez cela physiquement, pour votre corps, après vous pouvez l'observer pour vos sensations, vos sentiments (l'espèce d'impression intérieure)., et puis observer votre cerveau, si le cerveau est clair ou s'il est fumeux. Hein ?

It changes from day to day.

 

That's true, it changes all the time. Even during the same day. But when you have just got up, when just waking up and beginning your day, do you begin your day always in the same way ?

 

No.

 

Ah ! There are days when everything seems to you harmonious, and days when you are as with grinding wheels. Things grate within you, they don't turn round. Well, it is something like that. If you observe it physically, for your body, afterwards you can observe it for your sensations, your feelings (a kind of inner impression), and then you observe your brain, if the head is clear or smoky. Yes ?

 

Yes.

 

So it is the same thing.

 

In what part of the being does the power of observation develop ?

 

I think the power of observation develops in all the parts of the being. You may have a mental power of observation, a vital power of observation, a physical power of observation. When you observe ideas, for instance, the train of ideas, the logic of the ideas, this is not altogether the same power of observation as when you look at a friend doing athletics and see whether he is making his movements correctly or not. That is, the capacity of attention is there in both cases, but it works in a different field. It can't be said that it is one part of the being observing the others ; it is the faculty of observation developing in each part of the being — that is, the faculty of concentration and attention. For the capacity of observation must not be confused with the capacity of discernment. Discernment is an intellectual capacity. Something like a judgment already enters into it,

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Oui.

 

Alors c'est la même chose.

 

Dans quelle partie de l'être se développe le pouvoir d'observation ?

 

Je pense que le pouvoir d'observation se développe dans toutes les parties de l'être. Vous pouvez avoir un pouvoir d'observation mental, un pouvoir d'observation vital, un pouvoir d'observation physique. Quand vous observez les idées, par exemple, le cours des idées, la logique des idées, ce n'est pas tout à fait le même pouvoir d'observation que lorsque vous regardez un camarade faire de l'athlétisme et que vous voyez s'il fait ses mouvements correctement. C'est-à-dire que la capacité d'attention est là dans les deux cas, mais elle s'exerce dans un domaine différent. On ne peut pas dire que ce soit une partie de l'être qui observe les autres, c'est dans chaque partie de l'être la faculté d'observation qui se développe, c'est-à-dire la faculté de concentration et d'attention. Parce qu'il ne faut pas confondre la capacité d'observation avec la capacité de discernement. Le discernement est une capacité intellectuelle. Il y entre déjà quelque chose comme un jugement, ce que l'on appelle en anglais "discrimination" : vous pouvez faire la différence entre l'origine d'une chose et l'origine d'une autre, et les valeurs réciproques des choses. Mais cela, ce doit être basé sur une observation correcte. Le pouvoir d'observation vient d'abord, le discernement suit.

 

Y a-t-il un pouvoir d'observation dans le psychique ?

 

Plus que ça ! Il y a la capacité de vision directe des choses. C'est comme un miroir dans lequel se reflètent toutes choses, quelles qu'elles soient. Mais justement les enfants, en général, quand ils ne sont pas déformés, ils ont cela très bien, une grande sensibilité — par exemple, à l'atmosphère des personnes qui les approchent. Il y a des enfants, sans raison apparente, qui se précipitent sur quelqu'un, une personne, et qui s'éloignent avec horreur d'une autre. Pour vous, les deux personnes sont

what we call "discrimination" : you can distinguish between the origin of one thing and another, and the reciprocal value of these things. But that ought to be founded on a correct observation. The power of observation comes first, discernment follows.

 

Is there a power of observation in the psychic ?

 

More than that ! There is the capacity of a direct vision of things. It is like a mirror in which all things are reflected, whatsoever they may be. But that is just what most children, when not deformed, have very clearly, a great sensibility — for example, to the atmosphere of those who approach them. There are children who, without any apparent reason, rush towards one person and run away in horror from another. For you both of them are equally good or not good, you make no difference. But in one instance the child is immediately attracted by the person, and in the other, try as hard as you may, it will weep, it will cry or it will run away, but it will have nothing to do with that person, and all this is a translation in a consciousness of ignorance, of a psychic phenomenon of the vision of the psychic quality of the person who is there.

 

Some people can concentrate very quickly whilst others can't.

 

Perhaps they are born like that, for some reason or other, or perhaps they have practised it even without knowing that they were doing so. Yes, there are children who, even when very young, are very attentive, and others who are always distracted. But that is how the inner constitution of different beings is. There are not two who are the same. Some are born with a great power of attention and there are others who don't have it.

 

Can it he increased ?

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également gentilles ou pas gentilles, vous ne faites aucune différence. Mais dans un cas, l'enfant immédiatement est attiré par une personne, et dans l'autre, vous avez beau essayer, il pleurera, il criera, ou il s'enfuira, mais il ne veut rien avoir à faire avec elle, et cela, c'est la traduction, dans une conscience d'ignorance, d'un phénomène psychique de vision de la qualité psychique de la personne qui est là.

 

Certaines personnes peuvent se concentrer très vite, tandis que d'autres ne le peuvent pas.

 

Peut-être sont-ils nés comme cela, pour une raison quelconque, ou peut-être ont-ils pratiqué, même sans savoir qu'ils pratiquaient. Oui, il y a des enfants qui, très jeunes, sont très attentifs, et d'autres qui sont toujours dispersés. Mais cela fait partie de la composition des êtres. Il n'y en a pas deux qui soient pareils. Certains sont nés avec un grand pouvoir d'attention, et d'autres ne l'ont pas.

 

On peut V augmenter ?

 

On peut le développer, on peut, et il n'y pas de limites au développement. Et il est même tout à fait indispensable de le développer.

 

*

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Le 3 février 1954

 

"Certaines initiations antiques affirmaient que le nombre des sens que l'homme peut développer est non de cinq mais de sept, et dans certains cas spéciaux, même de douze. À certaines époques-, certaines races humaines ont, par nécessité, développé plus ou moins parfaitement l'un ou l'autre de ces sens supplémentaires. Par une discipline

One can develop it, one can, and there are no limits to the development. And it is even altogether indispensable to develop it.

 

*

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February 3, 1954

 

"Some ancient mystic knowledge declared that the number of senses that man can develop is not five but seven and in certain special cases even twelve. Certain races at certain epochs have, through necessity, developed more or less perfectly one or the other of these supplementary senses. With a proper discipline persistently gone through, they are within the reach of all who are sincerely interested in their culture and its results. Among the many faculties that are often spoken of there is, for example, this one : to widen the physical consciousness, project it out of oneself so as to concentrate on a definite point and thus get the sight, hearing, smell, taste and even the touch at a distance"

(Education, pp. 31-32)

 

What are the names of these twelve senses ?

 

The names ? In the Chaldean tradition they were in Chaldean. In other traditions, in other languages , in Egypt they were written in hieroglyphs. Each system gave its names. I had a list of the names — not only of the names but also of what they represented, what kind of sense each represented — but it was a very long time ago, I don't remember them any longer. As I have said there, it is in the field of things seen, felt, done at a distance by a concentrated projection of consciousness. For instance, one is in a room and, due to an illness or an accident, one cannot move. Next to this room there is another; next to that there is a sort of bridge; after the bridge there are steps going down, and these steps go down to a big studio in the middle of a garden. Now, the person laid up in the

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appropriée et tenace, ils sont à la portée de tous ceux qui sont sincèrement intéressés par ce développement et ses conséquences. Parmi les , facultés dont il est souvent parlé, il y a celle, par exemple, d'élargir sa conscience physique, de la projeter hors de soi pour la concentrer sur un point défini, et obtenir ainsi la vision, l'audition, l'odorat, le goût et même le contact à distancer

( Éducation p. 33-34 )

 

Quels sont les noms de ces douze sens ?

 

Les noms ? Dans la tradition chaldéenne, ils étaient en chaldéen. En d'autres traditions, c'était dans un autre langage ; en Égypte, cela s'écrivait avec des hiéroglyphes. Chaque système a donné ses noms. J'avais une liste des noms — pas seulement des noms, mais aussi de ce qu'ils représentaient, quel genre de sens cela représentait —, mais il y a fort longtemps, je ne me souviens plus. Comme je l'ai dit là, c'est dans le domaine des choses qui se voient, qui se sentent, qui se font à distance par une projection concentrée de la conscience. Par exemple, on se trouve dans une chambre et, par suite d'une maladie ou d'un accident, on ne peut pas bouger. Après cette chambre, il y a une autre chambre ; après cette autre chambre, il y a une espèce de pont ; après ce pont, il y a un escalier qui descend , et cet escalier descend dans un grand atelier qui est au milieu d'un jardin. Alors, la personne qui est couchée dans la chambre a envie de savoir ce qui se passe dans l'atelier. On concentre sa conscience et puis on la prolonge, pour ainsi dire (vraiment c'est comme si on la prolongeait, presque matériellement, comme cela), et on fait tout le chemin, et puis on arrive dans l'atelier. Si on le fait convenablement, on voit ce qu'il y a dans l'atelier, on peut entendre ce qui s'y passe, quoique soi-même on ne soit pas dans l'atelier : le corps est couché dans un lit, dans une chambre, mais c'est la conscience qui est projetée. C'est une conscience physique. Ce n'est pas un état intérieur, parce qu'on voit physiquement, on entend physiquement—s'il y a des gens dans la chambre, on les voit, et s'ils parlent on les entend parler. Naturellement, ce n'est pas dès le premier jour que l'on réussit ; cela demande une discipline très rigoureuse. Cela correspond un peu (un peu) à cette capacité qui s'est développée chez les Indiens peaux-rouges du fait de leur vie. Je ne sais pas maintenant, mais

room wishes to know what is going on in the studio. One concentrates one's consciousness and then extends it, so to say (truly it is as though one extended it, almost materially), and one goes along the whole way and reaches the studio. If one does this properly, one sees what there is in the studio, one can hear what is going on, though one is not there oneself : the body is lying in a bed in a room, but it is the consciousness that is projected. It is a physical consciousness. It is not an inner state, for one sees physically, hears physically. If there are people in the room one sees them, and if they are speaking one hears them speaking. Naturally, it is not from the very first day that one succeeds , it asks for a very rigorous discipline. It corresponds a little (a little) to that capacity which was developed in the Red Indians due to the conditions of their life. I don't know how it is at present, but then they used to put their ear to the earth, and they had so fine an ear they could hear steps more than a mile away. They heard the steps of those who were walking at a distance of more than two or three kilometres simply by putting their ear to the ground. Or take the dog which, if given something to smell, finds the trail of that scent again, can follow it with its nose. Well, it is one kind of super-sense, that is, a sense that has reached such a degree of intensity and refinement that it can indeed feel what the ordinary sense does not feel, see at a distance, really see, see physically at a distance, through walls. It is said that the blind develop a sense which enables them to feel an object at a distance. They do not see, they walk in darkness as in a black night, but they have a kind of sense of touch at a distance, a material contact due to which, long before touching the object, they know; for example, if there is a piece of furniture in their way, long before knocking against it, they have felt it from a distance.

 

In children the mind is not developed when they are small. Is this also true of the vital ?

 

No, the vital is much more developed than the mind. You know, I have said there that things are crystallised1, that is, that they take a form,

 

1 "In certain cases this education helps the movements expressing the light, in others it is the reverse, i.e., movements that express the shadow. If the circumstances and the environment are favourable, the light will grow at the expense of the shadow; otherwise the contrary will happen. Hence the individual's character will crystallise according to the caprice of nature and the determinism of a material and vital life, unless there is a luminous intervention of a higher element, a conscious will which will not let nature follow its whimsical procedure, but replace it by a logical and clear-seeing discipline. This conscious will is what we mean by the rational method of education." (Education, p. 30)

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alors ils appliquaient l'oreille par terre, et ils avaient l'oreille tellement fine qu'ils pouvaient entendre des pas à plus d'un mille de distance. Ils entendaient les pas de ceux qui marchaient à plus de deux ou trois kilomètres de distance, simplement en mettant l'oreille par terre. Ou bien le chien qui, si on lui donne à sentir quelque chose, retrouvera la piste de cette odeur, pourra la suivre avec son nez. Eh bien, c'est une espèce de supersens, c'est-à-dire un sens arrivé à un degré d'intensité et de raffinement tel qu'il peut justement sentir ce que le sens ordinaire ne sent pas, voir à distance, réellement voir, voir physiquement à distance, à travers les murs. On dit que les aveugles développent un sens qui leur fait sentir à distance un contact. Ils ne voient pas, ils marchent dans l'obscurité comme dans la nuit noire; mais ils ont une espèce de sens du contact à distance, du contact matériel qui fait que, longtemps avant de toucher un objet, ils savent—par exemple, s'il y a un meuble sur leur chemin, longtemps avant de se cogner contre le meuble, ils ont le toucher à distance de ce meublé-là.

 

Chez les enfants, le mental n'est pas développé quand ils sont petits. Est-ce la même chose pour le vital?

 

Non, le vital est beaucoup plus développé que le mental. Tu sais, j'ai dit là que les choses se cristallisaient1, c'est-à-dire que cela prend une forme, et une forme de plus en plus précise et de plus en plus fixe (plus la forme est précise, plus elle est fixe). Chez les enfants, c'est beaucoup plus comme de l'eau; ce n'est pas encore dans une forme très concrète et très précise. C'est pour cela, d'ailleurs, que l'on peut avoir une grande action sur eux, parce que c'est encore souple, ce n'est pas cristallisé : on peut le remarquer, ça a quelque chose de malléable, comme si l'on moulait du beurre; tandis que, dès qu'ils arrivent à l'âge de vingt à vingt

 

1 "Dans certains cas, cette éducation favorisera les mouvements qui exprimeront la lumière; dans d'autres, ce sera, à l'opposé, les mouvements qui exprimeront l'ombre ; si les circonstances et le milieu sont favorables, la lumière croîtra au détriment de l'ombre, sinon, c'est le contraire qui se produira. Et ainsi se cristallisera le caractère de l'individu selon les caprices de la nature et les déterminismes de la vie matérielle et vitale. A moins que n'intervienne à temps un élément supérieur, une volonté consciente qui ne permettra pas à la nature de suivre ses procédés fantaisistes, en y substituant une discipline logique et clairvoyante. Cette volonté consciente est ce que nous appelons une méthode rationnelle d'éducation." (Éducation, p. 32)

and a more and more precise, a more and more fixed form (the more precise the form, the more is it fixed). In children it is much more like water, it is not yet in a very concrete and precise form. That is why, moreover, one can have a great action upon them, for it is still supple, it is not crystallised — one can notice it: it has something malleable about it, as though one were moulding butter; whilst, as soon as they are about twenty to twenty-five, the special disposition, the turn of character is fixed and, at that moment, instead of preventing defects, it becomes necessary to mend them. That is another thing. If one wants to give an education which prevents bad habits being formed or bad tendencies being pursued, an education which leads the child constantly into the right path (that one wants it to follow), well, when they are small it is possible, when they become bigger, it becomes hard. One cannot change the imprint easily. Even sometimes it is necessary to break things to be able to change them : as those who are not progressive, who are fixed and remain fixed, who cling with all their strength to their petty habits. Whilst the little ones are supple, one can change their opinions, one can make them progress, give them the sense that tomorrow one must do better than today.

 

Are bad habits, as for instance that of not keeping things in order, due to the vital ?

 

That depends. For example, children who have no order, who can't keep their things carefully but lose or spoil them — there are three reasons for this. Most often it is a child who lacks vitality. When it is like that, when it can't keep its things carefully and all is in disorder around it, this is always a sign of a lack of vitality; it does not have sufficient vitality to take interest in these outer things. The second reason is that it lacks interest in material life, the life of things, and that it has no discipline, doesn't discipline itself. For instance, children when they undress throw their

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cinq ans, la disposition spéciale, la tournure du caractère est fixée et, à ce moment-là, au lieu d'empêcher que les défauts se produisent, il faut commencer à les réparer. C'est une autre chose. Si l'on veut donner une éducation qui empêche que les mauvaises habitudes soient prises ou que des mauvais plis soient poursuivis, une éducation qui constamment amène l'enfant dans le droit chemin (celui que l'on veut qu'il suive), eh bien, quand ils sont petits, c'est possible, quand ils deviennent plus grands, ça devient dur. On ne peut pas changer l'empreinte facilement. Quelquefois même, il faut casser pour pouvoir changer : ceux qui ne sont pas progressifs, qui sont fixés, et qui restent fixés, qui tiennent de toutes leurs forces à leurs petites habitudes. Tandis que les petits sont souples, on peut changer leur opinion, on peut les faire progresser, leur donner le sens que, le lendemain, on doit faire mieux que la veille.

 

Les mauvaises habitudes, par exemple de ne pas garder les choses en ordre, est-ce dû au vital?

 

Cela dépend. Par exemple, les enfants qui n'ont pas d'ordre, qui ne peuvent pas garder leurs affaires soigneusement, qui les perdent ou les abîment, cela a trois raisons. Le plus souvent, c'est un enfant qui manque de vitalité. Quand il est comme cela, quand il ne peut pas garder ses affaires soigneusement et quand tout est en désordre autour de lui, c'est toujours le signe d'un manque de vitalité, il n'a pas une vitalité suffisante pour prendre de l'intérêt à ces choses extérieures. La seconde raison, c'est qu'il manque d'intérêt dans la vie matérielle, la vie des choses, et qu'il n'a pas de discipline, qu'il ne se discipline pas lui-même. Par exemple, les enfants, quand ils se déshabillent, jettent tous leurs vêtements à droite et à gauche, ou bien, quand ils ont joué, ils laissent leurs jouets traîner, quand ils ont écrit et fait leurs devoirs, tout est là en pagaille : le porte-plume d'un côté, le cahier de l'autre, le livre d'un troisième, et puis tout cela se perd (malheureusement, c'est le cas de l'immense majorité des enfants ici, à l'école, ils perdent tout; j'ai retrouvé des livres qui étaient en bouillie parce qu'ils avaient passé toute la nuit sur un pot de fleur et qu'il avait plu le matin ! Quand on l'a pris, c'était comme de la soupe. Mais c'est rare. Les crayons aussi, j'ai une collection de porte-plumes et de crayons qui ont

clothes all over the place, or else, when they have finished playing, they leave their toys lying about; when they have written out their homework, everything is littered all around : the fountain-pen on one side, the notebook on another, the reader on a third, and then all these get lost (unfortunately that's how it is with the great majority of the children here at the school; they lose everything; I have found books reduced to pulp because they had spent the whole night on a flower-pot and it had rained the next morning ! When they were found, they were like gruel. But that is rare. Pencils too, I have a collection of fountain-pens and pencils picked up thus, — having been lost), these are absolutely undisciplined natures, those who have no method — and within themselves they don't have any method. And into the bargain they despise things — and, as Sri Aurobindo says, they are not worthy of having them. People who don't know how to deal with things carefully, don't deserve to have them. Sri Aurobindo has often written on this subject in his letters. He has said that if you don't know how to take care of material things, you have no right to have them. Indeed this shows a kind of egoism and confusion in the human being, and it is not a good sign. And then later when they grow up, there are people who cannot keep a cupboard in order or a drawer in order. Outwardly they may be in a room which looks very tidy and very neat, and then you open a drawer or a cupboard, it is like a battle-field ! Everything is pell-mell. You find everything in a jumble, nothing is arranged. These are people with a poor little head in which ideas lie in the same state as their material objects. They have not organised their ideas. They haven't/ put them in order. They live in a cerebral confusion. And that is a sure sign, I have never met an exception to this rule : people who don't know how to keep their things in order, their ideas are in disorder in their heads, always. They exist together, the most contradictory ideas are put together—and not through a higher synthesis, don't you believe it : simply due to a disorder and an incapacity to organise their ideas. You don't need even to speak for ten minutes with someone if you can manage to enter his room and open the drawers of his furniture and look into his cupboard — you know in what state of mind such people are, don't you ?

On the other hand, there was someone (I shall tell you who afterwards) who had in his room hundreds of books, numberless sheets of paper, notebooks and all sorts of things, and so, you entered the room and saw

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été ramassés, qui étaient perdus) ; ça, ce sont les natures absolument indisciplinées, les gens qui n'ont pas de méthode — et intérieurement ils n'ont aucune méthode. Et par-dessus le marché, ils méprisent les choses — et, comme le dit Sri Aurobindo, ils ne sont pas dignes d'en avoir. Les gens qui ne savent pas s'occuper avec soin des affaires ne méritent pas d'en avoir. Sri Aurobindo a écrit plusieurs fois à ce sujet dans ses lettres. Il a dit : "Si vous ne savez pas prendre soin des choses matérielles, vous n'avez pas le droit d'en avoir." Cela prouve une espèce d'égoïsme et de confusion dans l'être humain, et ce n'est pas bon signe. Et puis, alors, plus tard, quand ils deviennent grands, il y a ceux qui ne peuvent pas garder une armoire en ordre, un tiroir en ordre. Extérieurement, ils peuvent être dans une chambre qui a l'air très propre et très en ordre, et puis, vous ouvrez un tiroir, ou vous ouvrez une armoire, c'est un champ de bataille ! Tout est mélangé. Vous trouvez toutes les choses ensemble ; rien n'est classé. Ça, ce sont les gens qui ont une pauvre petite tête où les idées sont dans le même état que leurs objets matériels. Ils n'ont pas organisé leurs idées. Ils n'ont pas mis de l'ordre. Ils vivent dans une confusion cérébrale. Et c'est un signe certain, je n'ai jamais rencontré d'exception à cette règle : les gens qui ne savent pas garder leurs affaires en ordre, leurs idées sont en désordre dans leur tête, toujours. Elles cohabitent, les idées les plus opposées sont mises ensemble — et non par une synthèse supérieure, n'en croyez rien : simplement par un désordre et une incapacité d'organiser leurs idées. Vous n'avez pas besoin de parler même dix minutes avec quelqu'un si vous pouvez entrer dans sa chambre et ouvrir les tiroirs de ses meubles et voir son armoire — vous savez dans quel état ils sont, n'est-ce pas ?

Par contre, il y avait quelqu'un (je vous dirai qui après) qui avait dans sa chambre des centaines de livres, d'innombrables feuilles de papier, des cahiers et toutes sortes de choses, et alors, vous entriez dans la chambre et vous voyiez partout des livres, des papiers — un amoncellement, c'est tout plein. Mais si vous aviez le malheur de changer un seul petit bout de papier de place, il le savait immédiatement et vous disait : "Qui est-ce qui a touché à mes affaires ?" Vous, quand vous arrivez, vous voyez tant de choses que vous ne vous y reconnaissez pas. Et chaque chose avait sa place. Et c'était si conscient que, je vous dis, si l'on déplaçait un papier — par exemple, un papier où il y avait des notes, ou une lettre ou quelque chose

books and papers everywhere—a whole pile, it was quite full. But if you had the misfortune of shifting a single little bit of paper from its place, he knew it immediately and told you : "Who has touched my things ?" You, when you come in, see so many things that you feel quite lost. And each thing had its place. And it was so conscious that, as I told you, if one paper was displaced — for instance, a paper with notes on it or a letter or something else which was taken away from one place to be placed in another with the idea of putting things in order — he used to say : "You have touched my things , you have displaced them and created a disorder in my things." That of course was Sri Aurobindo ! That means you must not confuse order with poverty. Naturally if you have about a dozen books and a very limited number of things, it is easier to keep them in order, but what one must succeed in doing is to put into order — and a logical, conscious, intelligent order — a countless number of things. That asks for a capacity of organisation.

Of course, if someone is very ill, has no strength to spare, then that's different. And yet even here, there are limits ; I knew ill people who could tell you : "Open this drawer and in the left comer at the back you will find such and such a thing under such another" , the man could not move and take it himself, but he knew very well where it was. But apart from that, the ideal is to have some organisation, as for instance of the kind found in libraries where there are hundreds of thousands of books and where everything is classified (naturally it is not done by just one man), but it is a work in which each thing is so well classified that, despite all, if you bring a card and say "I want this book", a quarter of an hour later you have it or sometimes in five minutes. That is organisation. And yet there are rooms full of books there. But all this is the result of work perfected by a large number of men, the result of a professional organisation. Well, for oneself, one must organise one's own things — and at the same time one's own ideas — in the same way and one must know exactly where things are and be able to go straight to them, for one's organisation is logical. It is your own logic — it may not be your neighbour's logic, not necessarily, it is your own logic — but your organisation being logical, you know exactly where a thing is and, as I told you, if that thing is displaced, you know it immediately. And those who can do that are generally those who can put their ideas into order and can also organise their character and can

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que l'on enlevait de là pour le mettre là avec l'idée que l'on mettait de l'ordre —, il vous disait : "Vous avez touché à mes affaires ; vous avez déplacé et mis du désordre dans mes affaires." Ça, c'était Sri Aurobindo! C'est-à-dire qu'il ne faut pas confondre l'ordre avec la pauvreté. Naturellement, si vous avez une douzaine de livres et un nombre très restreint de choses, il est plus facile de les garder en ordre, mais. ce qu'il faut réussir, c'est à mettre de l'ordre — et un ordre logique, un ordre conscient, intelligent — dans une quantité innombrable de choses. Cela demande une capacité d'organisation.

Évidemment, si quelqu'un est très malade, ne dispose d'aucune force, c'est différent. Et encore même là, il y a des limites; j'ai connu des malades qui pouvaient vous dire : "Ouvrez-moi ce tiroir et dans le coin de gauche au fond, vous trouverez telle chose sous telle autre chose" , il ne pouvait pas bouger et le prendre lui-même, mais il savait très bien où c'était. Mais à part cela, l'idéal est d'avoir de l'organisation, comme celle que l'on fait, par exemple, dans les bibliothèques où l'on arrive à avoir des centaines de milliers de livres et où tout est classé (naturellement ce n'est pas fait par une seule personne), mais c'est un travail où chaque chose est tellement bien classée que, malgré tout, si vous apportez une fiche et que vous disiez : "je veux ce livre", un quart d'heure après vous l'avez, ou cinq minutes après. Voilà l'organisation. Et pourtant, il y en a des couloirs pleins. Mais ça, c'est le résultat d'un travail accompli par un grand nombre de gens et d'une organisation professionnelle. Eh bien, pour soi-même, il faut que ses propres affaires — et en même temps ses propres idées — soient organisées de la même manière et que vous sachiez exactement où sont les choses et que vous puissiez aller tout droit les trouver, parce que votre organisation est logique. C'est votre propre logique — ça peut ne pas être la logique du voisin, pas nécessairement, c'est votre propre logique —, mais votre organisation étant logique, vous savez exactement où est une chose et, comme je vous l'ai dit, si cette chose est déplacée, vous le savez immédiatement. Et ceux qui peuvent faire cela, généralement ce sont des gens qui peuvent mettre de l'ordre dans leurs idées, et qui peuvent mettre aussi de l'organisation dans leur caractère, et qui finalement peuvent gouverner leurs mouvements. Et puis, si l'on fait un progrès, on arrive à gouverner sa vie physique : on commence à avoir un contrôle sur ses mouvements physiques. Si l'on prend ce bout-là de la vie, vraiment elle

finally control their movements. And then, if one makes progress, one succeeds in governing one's physical life : one begins to have a control over one's physical movements. If one takes life in that way, truly it becomes interesting. If one lives in a confusion, a disorder, an inner and outer chaos in which everything is mixed up and one is conscious of nothing and yet less master of things, that is not living. That is not living, it is being in a sea of inconscience, being tossed about by the waves, caught by the currents, thrown against rocks, seized again by another wave and thrown against another rock , and one goes on thus with bruises and blows and bumps. And then, should one ask you : "Why is it thus ?" — "I don't know." — "Why did you do that ?" — "I don't know." — "Why do you think in this way ?" "I don't know." — "Why did you make that movement ?" —"! don't know." All the answers are "I don't know".

Essentially there is but one single true reason for living : it is to know oneself. We are here to learn — to learn what we are, why we are here, and what we have to do. And if we don't know that, our life is altogether empty — for ourselves and for others.

And so, generally, it is better to begin early, for there is much to learn. If one wants to learn about life as it is, the world as it is, and then really know the why and the how of life, one may begin when very young, from the time one is very, very tiny — before the age of five. And then, when one is a hundred, one will still be able to learn. So it is interesting. And all the time one can have surprises, always learn something one didn't know, meet with an experience one did not have before, find something one was ignorant of. It is surely very interesting. And the more one knows, the more does one become aware that one has everything to learn. Truly, I could say that only fools believe they know. That indeed is a sure sign, someone coming and telling you : "Oh ! I know all that; oh ! I know all that" , he is immediately sized up !

 

You have said'.'''Everyone possesses ...two opposite tendencies in his character, ... which are like the light and the shadow of the same thing."1

 

1 "... Everyone possesses in a large measure, and the exceptional individual in an increasing degree of precision, two opposite tendencies in the character, almost in equal proportion, which are like the light and the shadow of the same thing. Thus a man who has the capacity of being exceptionally generous suddenly finds rushing up in his nature an obstinate avarice : the courageous would be somewhere a coward and the good suddenly have wicked impulses. Life seems to endow everyone, along with the possibility of expressing an ideal, contrary elements in him representing in a concrete manner the battle he has to wage and the victory to win so that the realisation may be possible. In this way, all life is an education carried on more or less consciously, more or less deliberately."

(Education, pp. 29-30)

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devient intéressante. Si l'on vit dans une confusion, un désordre, un chaos intérieur, extérieur, où tout se mélange et où l'on n'est conscient de rien, et on est maître encore moins des choses, ce n'est pas une vie. Ce n'est pas vivre, c'est être dans une mer d'inconscience, être ballotté par les vagues, pris par des courants, jeté contre des roches, repris par une autre vague qui vous jette contre un autre rocher ; et puis on continue, comme cela, avec des bleus et des coups et des bosses. Et alors, quoi que l'on vous demande : "Pourquoi est-ce comme ça ?" —"Je ne sais pas."—"Pourquoi as-tu fait ça ?" — "Je ne sais pas." — "Pourquoi penses-tu comme ça ?"—"Je ne sais pas." —"Pourquoi as-tu fait ce mouvement-là ?"— "Je ne sais pas." Toutes les réponses, c'est "je ne sais pas".

Au fond, il n'y a qu'une seule vraie raison de vivre : c'est de se connaître. Nous sommes ici pour apprendre — pour apprendre ce que nous sommes, pourquoi nous sommes ici, et ce que nous avons à y faire. Et si nous ne savons pas ça, notre vie est tout à fait vide — pour nous et pour les autres.

Et alors, généralement, il vaut mieux commencer de bonne heure, parce qu'il y a beaucoup à apprendre. Si l'on veut apprendre la vie telle qu'elle est, le monde tel qu'il est, et puis vraiment savoir le pourquoi et le comment de la vie, on peut commencer tout petit, dès qu'on est petit, petit, petit — avant cinq ans. Et puis, quand on aura cent ans, on pourra encore apprendre. Alors c'est intéressant. Et on peut avoir tout le temps des surprises, apprendre toujours quelque chose que l'on ne connaissait pas, se trouver en' présence d'une expérience que l'on n'avait pas eue, rencontrer un phénomène que l'on ignorait. C'est sûrement très intéressant. Et plus on sait, plus on s'aperçoit qu'on a tout à apprendre. Vraiment, je peux dire qu'il n'y a que les sots qui croient savoir. Ça, c'est un signe certain, quelqu'un qui vient vous dire : "Oh! je connais tout ça; oh! je sais tout ça", il est classé!

 

Tu as dit : "Chacun. ..,dans son caractère,possède les deux tendances opposées qui sont comme la lumière et l'ombre d'une même chose1. "

 

1 "... Chacun, dans une grande mesure et avec une précision qui va s'affirmant chez les individus d'exception, possède dans son caractère, dans une proportion presque égale, les deux tendances opposées qui sont comme la lumière et l'ombre d'une même chose. Ainsi, celui qui portera en lui même la capacité d'être exceptionnellement généreux, verra soudain surgir dans sa nature une avarice opiniâtre ; le courageux sera quelque part un lâche et le bon aura soudain des impulsions méchantes. Ainsi, la vie semble donner à chacun, avec la possibilité d'un idéal à exprimer, les éléments opposés qui peuvent représenter de façon concrète la bataille à livrer et la victoire à remporter pour que la réalisation devienne possible. Par suite, toute vie est une éducation poursuivie plus ou moins consciemment, plus ou moins volontairement." (Éducation, p. 31)

Why are things made in this way ? Can't one have only the light ?

 

Yes, if one eliminates the shadow. But it must be eliminated. That does not happen by itself. The world as it is is a mixed world. You cannot have an object which gets the light from one side without its casting a shadow on the other. It is like that, and indeed it is the shadows which make you see the lights. The world is like that, and to have only the light one must definitely go through the entire discipline necessary for eliminating the shadow. This is what I have explained, moreover, a little farther , I have said that this shadow was like a sign of what you had to conquer in your nature in order to be able to realise what you have come to do. If you have a part to play, a mission to fulfil, you will always carry the main difficulty preventing you from realising it, so that you have within your reach the victory you must win. If you had to fight against a difficulty which is everywhere on earth, it would be very difficult (you would need to have a very vast consciousness and a very great power), whilst if you carry in your own nature just the shadow or defect you must conquer, well, it is there, within your reach : you see all the time the effects of this thing and can fight against it directly, immediately. It is a very practical organisation.

You haven't seen in the "Bulletin" that letter of Sri Aurobindo's : The "Evil Persona" ? It is in the Bulletin. The thing is very well explained there.1

 

THE MOTHER

For foot note No. I see p. 77.

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Pourquoi est-ce organisé ainsi? Ne peut-on pas posséder seulement la lumière?

 

Oui, si on élimine l'ombre. Mais il faut l'éliminer. Cela ne se fait pas tout seul. Le monde tel qu'il est est un monde mélangé. Tu ne peux pas avoir un objet qui reçoive la lumière d'un côté sans qu'il fasse de l'ombre de l'autre. C'est comme cela, et au fond ce sont les ombres qui vous font voir les lumières. Le monde est comme cela, et pour n'avoir que la lumière, il faut justement faire toute la discipline nécessaire pour éliminer l'ombre. C'est ce que j'ai expliqué d'ailleurs plus loin; j'ai dit que cette ombre était comme un signe de ce que vous aviez à vaincre dans votre nature pour pouvoir arriver à réaliser ce que vous êtes venu faire. Si vous avez un rôle à remplir, une mission à remplir, vous aurez toujours en vous la difficulté principale qui vous empêchera de la réaliser, afin que vous ayez à portée de la main la victoire que vous devez remporter. Si vous aviez à lutter contre une difficulté qui est sur toute la terre, ce serait très difficile (il faut avoir une conscience très vaste et un très grand pouvoir), tandis que si vous portez dans votre propre nature, justement, l'ombre ou le défaut que vous devez vaincre, eh bien, c'est là, à portée de la main : vous voyez tous les jours les effets de cette chose et vous pouvez lutter contre elle directement, immédiatement. C'est une organisation très pratique.

Vous n'avez pas vu dans le "Bulletin" cette lettre de Sri Aurobindo : "The Evil Persona" ? C'est dans le Bulletin. C'est très bien expliqué là.1

 

 

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Suite de la page 76

1 Le "Double Mauvais"

 

Ce que vous dites du "Double Mauvais" m'intéresse beaucoup, car cela répond à mon expérience constante, c'est-à-dire qu'une personne très douée pour le travail a toujours, ou presque toujours (peut-être ne doit-on pas faire de règles universelles trop rigides en ce domaine), un être qui lui est attaché, ressemblant parfois à une partie d'elle-même, et qui est exactement la contradiction de ce qu'elle représente centralement dans le travail à faire.

Ou bien, si cet être n'est pas là au. début, s'il n'est pas attaché à sa personnalité, une force de ce genre entre dans son atmosphère dès qu'elle commence son mouvement de réalisation. Son rôle semble de s'opposer, de faire faire des faux pas, de créer des mauvaises conditions ; bref, de mettre devant elle tout le problème du travail qu'elle a entrepris. Il semblerait que, dans l'économie occulte du monde, le problème ne puisse pas être résolu sans que l'instrument prédestiné prenne sur lui la difficulté. Ceci expliquerait bien des choses qui semblent très déconcertantes à la surface. (Sri Aurobindo, Letters on Yoga, Tome II, pp. 733-34 et Bulletin d'août 1953 & de février 1971)

 

Cont. from p. 75

 

1 The "Evil Persona"

 

"What you say about the "Evil Persona" interests me greatly as it answers to my consistent experience that a person greatly endowed for the work has, always or almost always, — perhaps one ought not to make a too rigid universal rule about these things — a being attached to him, sometimes appearing like a part of him, which is just the contradiction of the thing he centrally represents in the work to be done. Or, if it is not there at first, not bound to his personality, a force of this kind enters into his environment as soon as he begins his movement to realise. Its business seems to be to oppose, to create stumblings and wrong conditions, in a word, to set before him the whole problem of the work he has started to do. It would seem as if the problem could not, in the occult economy of things, be solved otherwise than by the predestined instrument making the difficulty his own. That would explain many things that seem very disconcerting on the surface." (Sri Aurobindo : On Yoga, Tome II, pp. 733-34 ; Bulletin, August 1953 and February 1971)

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Notes sur le Chemin

 

Le 7 février 1973

 

Il y a seulement une manière de mettre fin au mensonge :

c'est d'éliminer en nous tout ce qui contredit dans notre conscience la présence du Divin.

31.12.1972

 

ÇA, j'y tiens beaucoup -, c'est très vrai — c'est très vrai. Ce n'est peut-être pas facile à comprendre, mais c'est très profondément vrai.

Tout ce qui voile et déforme et empêche en nous la manifestation du Divin, c'est cela qui est le mensonge.

 

C'est tout un travail!

 

C'est ce que je fais tout le temps — tous les jours et toute la journée, même quand le vois les gens. C'est la seule chose qui vaille d'être vécue.

 

*

**

Le 10 mars 1973

 

Je ne sais pas, quand j'essaye d'entrer en contact avec cette conscience1, j'ai toujours l'impression, comme tu dis, d'une immensité lumineuse...

 

1 La Nouvelle Conscience.

Notes on the Way

 

February 7, 1973

 

There is only one solution for falsehood.

It is to cure in ourselves all that contradicts in our consciousness the Presence of the Divine.

 

THE MOTHER

31.12.1972

 

YES, I insist on that : it is very true, very true. It may not be easy to understand but it is a very profound truth.

All that veils and deforms and prevents the manifestation of the Divine in us : it is that, the falsehood.

 

It is quite a labour! ' '

 

This is what I have been doing all the while — everyday and the whole day long, even while I see people. It is the only thing worth living for.

 

*

**

March 10 1973

 

I do not know, whenever I try to come in contact with this consciousness,1 I have always the feeling, as you say, of a luminous vastness.

 

1 The New Consciousness.

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Oui.

 

Mais j'ai l'impression que ça ne bouge pas-, qu'on est là et on peut rester éternellement comme cela, mais...

 

C'est ça. C'est mon impression.

 

Il suffit de se laisser imprégner par Ça, il n'y a pas autre chose à faire?

 

Je pense. Je pense que c'est la seule chose. Moi, je répète tout le temps : ce que Tu veux, ce que Tu veux, ce que Tu veux ... Que ce soit ce que Tu veux, que je fasse ce que Tu veux, que je sois consciente de ce que Tu veux.

Et aussi : sans Toi, c'est la mort; avec Toi, c'est la vie. Et "mort", je n'entends pas la mort physique — c'est possible que ce soit, c'est possible que, maintenant, si je perdais le contact, ce serait fini, mais c'est impossible! J'ai l'impression que c'est... que je suis ça—avec les obstructions que la présente conscience peut encore avoir, voilà tout. Et alors, quand je vois quelqu'un ... (Mère ouvre les mains comme pour offrir la personne à la Lumière), qui que soit : comme cela (même geste).

 

(silence)

 

J'ai tout le temps (c'est amusant), tout le temps l'impression d'un petit bébé qui se blottit — blottit dans... (comment l'appeler?) une divine Conscience ... all-embracing.

 

Yes.

 

But I have the feeling that it does not move, that one is there and one can eternally remain like that, but...

 

It is so. This is my feeling.

 

Is it enough to let oneself be filled with That, there is nothing else to do ?

 

I think, that is the only thing. I am repeating always : as You want it, as You want it, as You want it... let it be as You want it, may I do whatever You want, may I be conscious of whatever You want.

And also : without You it is death; with You it is life. By "death" I do not mean physical death — it may be so; it may be that now if I lost the contact that would be the end, but it is impossible ! I have the feeling that it is ... that I am that — with all the obstructions that the present consciousness may still have, that's all. And then, when I see some one ... (Mother opens her hands as though to offer the person to the Light), whoever he may be : like that (same gesture).

 

(Silence)

 

All the while (it is amusing) all the while I have the feeling that I am a little baby who nestles — nestles within ... (how to call it ?) a Divine Consciousness ... all-embracing.

THE MOTHER

 

 

 

 

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Sri Aurobindo

 

Correspondence with Nirodbaran

 

Sri Aurobindo

 

Correspondance avec Nirodbaran

 

November 14, 1934

 

I have Rs.4 with me with which I wanted to buy something for you on my birthday. But an impulse has come to offer something to the sadhaks. So I asked D if biscuits could be managed. Do you approve of my proposal?

 

*

**

 

YES — although it is not according to rule or precedent.

 

Can you spare me a canvas cot, if any ? If you can, please sanction some mosquito frame arrangement too.

 

Ask for the canvas cot and a mosquito frame to be used with. Impossible to hang a mosquito frame on the independent principle here.

*

**

 

December 4, 1934

 

I have written only one side of the picture of the November Darshan.

May I know if you have discovered any fresh signs of hope ?

 

For my part, I see plenty of signs of hope.

 

December 8, 1934  

 

During the evening meditation I was wondering why I was not able to find the rasa1 of this life. Many have found it in poetry, some in painting, others in physical work. When I was thinking of praying to you to give me some joy and interest in the world I had an experience : I felt that my mind was divided into two parts — the inner being was silent, not disturbed by anything, while the surface mind was thinking at random. As soon as the outer thoughts cropped up it tried to see if all this was a forced condition of mind, —but no, the silence was really there and intact. This

 

1 Rasa: relish, savour

Le 14 novembre 1934

 

J'ai quatre roupies et j'aurais voulu vous faire un cadeau pour mon anniversaire. Mais l'envie m'a pris d'offrir quelque chose aux sâdhak. J'ai donc demandé à D. s'il pourrait trouver des biscuits. Approuvez-vous mon intention ?

 

OUI—bien que ce ne soit pas conforme à la règle ni à la coutume.

 

Pourriez-vous me donner un lit de sangle, s'il en existe ? J'aurais besoin aussi, si possible, d'un cadre pour fixer une moustiquaire.

 

Demandez le lit de sangle et le cadre qui va avec. Impossible de fixer ici un cadre de moustiquaire indépendamment du lit.

 

*

**

 

Le 4 décembre 1934

 

Je ne vous ai dit qu'un côté, des choses pour le darshan de novembre.

Puis-je savoir si vous avez découvert quelques nouveaux signes d'espoir ?

 

Quant à moi, je vois quantité de signes d'espoir.

 

*

**

 

Le 8 décembre 1934

 

Pendant la méditation du soir, je me suis demandé pourquoi je n'étais pas capable de trouver le rassa1 de cette vie î Beaucoup de gens le trouvent en poésie, d'autres .en peinture, d'autres dans le travail physique. Et comme je pensais à vous prier de me donner quelque joie ou intérêt en ce monde, j'ai eu une expérience : j'ai senti que mon mental se divisait en deux parties—l'être intérieur était silencieux, non troublé par quoi que ce soit, tandis que le mental de surface courait au hasard. Dès que les pensées extérieures ont commencé à surgir,

 

1 Rassa : la saveur

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continued as long as the meditation lasted. I would like to have your corroboration on the matter. I wonder how these experiences suddenly drop in.

 

The consciousness from which these experiences come is always there pressing to bring them in. The reason why they don't come in freely or stay is the activity of the mind and vital always rushing about thinking this, wanting that, trying to perform mountaineering feats on all the hillocks of the lower nature instead of nourishing a strong and simple aspiration and opening to the higher consciousness that it may come in and do its own work. Rasa of poetry, painting or physical work is not the thing to go after. What gives the interest in Yoga is the rasa of the Divine and of the divine consciousness which means the rasa of Peace, of Silence, of inner Light and Bliss, of growing inner Knowledge, of increasing inner Power, of the Divine Love, of all the infinite fields of experience that open to one with the opening of the inner consciousness. The true rasa of poetry, painting or any other activity is only found when these things are part of the working of the Divine Force in you, and you feel it is that and it exists in the joy of that working.

This condition you had of the inner being and its silence separated from the surface consciousness and its little restless workings is the first liberation, the liberation of Purusha from Prakriti, and it is a fundamental experience. The

 

day when you can keep it, you can know that the Yogic consciousness has been founded in you. This time it has increased in intensity, but it must also increase in duration.

These things do not "drop" — what you have felt was there in you all the time, but you did not feel it because you were living on the surface altogether, and the surface is all crowd and clamour. But in all men there is this silent Purusha, base of the true mental being, the true vital being, the true physical being. It was by your prayer and aspiration that the thing came, to show you in what direction you must travel in order to have the true rasa of things, for it is only when one is liberated that one can get the real rasa. For after this liberation come others and among them the liberation and Ananda in action as well as in the static inner silence.

 

*

**

 

December II, 1934

 

It seems there are many sadhaks living here for four to five years who still haven't established themselves in this inner silence !

 

There are many who have not even got it — even most. But I was not laying stress on silence but on the separate consciousness of the inner being.

j'ai essayé de voir si tout cela était m état artificiel imposé au mental — mais non, le silence était vraiment là, intact. L'expérience a continué aussi longtemps que la méditation. J'aimerais avoir une confirmation de vous à ce sujet. Je me demande comment il se fait que ces expériences viennent nous visiter soudainement î

 

La conscience d'où viennent ces expériences est là constamment en train de presser pour faire entrer les expériences. Si elles n'entrent pas librement ou ne restent pas, cela tient à l'activité du mental et du vital qui sont toujours en train de courir ici et là, pensant à ceci, voulant cela, essayant d'accomplir des prouesses d'alpinisme sur les taupinières de la nature inférieure au lieu de nourrir une simple et forte aspiration et de s'ouvrir à la conscience supérieure afin de la laisser entrer faire son travail. Ce n'est pas après le rassa de la poésie, de la peinture ni du travail physique qu'il faut courir. Ce qui donne de l'intérêt au yoga, c'est le rassa du Divin et de la conscience divine, c'est-à-dire le rassa de la Paix, du Silence, de la Lumière et de la Béatitude intérieures, de la Connaissance intérieure qui grandit, du Pouvoir intérieur qui s'accroît, de l'Amour divin, de toute l'infinité des champs d'expérience qui s'ouvrent à nous avec l'ouverture de la conscience intérieure. Le vrai rassa de la poésie, de la peinture ou .de n'importe quelle

autre activité ne se découvre que quand ces activités découlent du mouvement de la Force divine en soi et que l'on sent que c'est ça qui œuvre et qu'elles existent dans la joie de ce mouvement.

L'état que vous avez connu où l'être intérieur et son silence sont séparés de la conscience de surface et de ses petites activités fiévreuses est une première libération — c'est le Pourousha qui se libère de la Prakriti, et c'est une expérience fondamentale. Le jour où vous pourrez garder cela, vous saurez que la conscience yoguique est établie en vous. Cette fois-ci, l'expérience s'est accrue en intensité, mais elle doit aussi s'accroître en durée.

Ces expériences ne vous "visitent" pas — ce que vous avez senti était là tout le temps, mais vous ne le sentiez pas parce que vous viviez complètement à la surface, et la surface, c'est toute la cohue et le tapage. Mais en chaque homme, ce Pourousha silencieux existe, c'est la base de l'être mental véritable, de l'être vital véritable, de l'être physique véritable. C'est par votre prière et votre aspiration que l'expérience est venue, et elle est venue pour vous montrer la direction que vous deviez prendre afin d'avoir le vrai rassa des choses, car c'est seulement quand on est libéré que l'on peut trouver le vrai rassa. De fait, après cette libération, viennent d'autres libérations, et notamment la libération et l'Ânanda dans l'action autant que dans le silence intérieur statique.

 

*

**

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I would like to know if experiences of this kind effect a lasting result in the consciousness. — Do they ever settle down and become a constant realisation, or do they just occur off and on?

 

They come first in this isolated way, afterwards more frequently and for longer periods, then they settle. In some they settle at once, but that is rare. In some they persist recurring till they are settled, that is less rare. In 'others the occurrence is at first at long intervals and waits for the consciousness to be ready.

 

I cannot quite follow you where you say, "this shows in what direction you must travel." For surely, that applies to everyone here. And how to find rasa in work which one doesn't like ?

 

Yes, but I was not writing to everyone and everyone has not asked for the T (rasa) in work.

 

If a sadhak is asked to offer himself through a work for which he has a natural liking, the offering becomes a joyous one, and therefore easier, — the very "rasa" of the Divine for which we are all here; isn't that so? For instance, if D were asked by the Divine to transfer his allegiance

 

from literary activity to some other Deity, say, one who presides over the controlling of servants—if there is any—you can anticipate the result.

 

It is not a question of liking but of capacity — though usually (not always) liking goes with the capacity. But capacity can be developed and liking can be developed or rather the rasa you speak of. One cannot be said to be in the full Yogic condition — for the purposes of this Yoga — if one cannot take up with willingness any work given to one as an offering to the Divine. At one time I was absolutely unfit for any physical work and cared only for the mental, but I trained myself in doing physical things with care and perfection so as to overcome this glaring defect in my being and make the bodily instrument apt and conscious. It was the same with some others here. A nature not trained to accept external work and activity becomes mentally top-heavy — physically inert and obscure. It is only if one is disabled or too physically weak that physical work can be put aside altogether. I am speaking of course from the point of view of the ideal—the rest depends upon the nature.

As for the deity presiding over the control of servants, godown work as well as over poetry or painting, it is always the same—the Shakti, the Mother.

 

Will it do any harm if I show

Le 11 décembre 1934

 

Il semble qu'il y ait beaucoup de sâdhak qui aient vécu quatre ou cinq ans ici et qui n'ont pas encore établi ce silence intérieur en eux !

 

Il y en a beaucoup qui ne l'ont même pas trouvé — la plupart même. Mais je n'insistais pas tant sur le silence que sur la séparation de la conscience de l'être intérieur.  

 

J'aimerais savoir si les expériences de ce genre ont un effet durable dans la conscience — s'établissent-elles et deviennent-elles une réalisation constante, ou arrivent-elles simplement de temps en temps ?

 

Elles viennent d'abord d'une façon isolée, puis plus fréquemment et pendant de longues périodes, et finalement elles s'installent. Chez certains, elles s'installent tout de suite, mais c'est rare. Chez d'autres, elles persistent à revenir jusqu'à ce qu'elles s'installent — c'est moins rare. Chez d'autres encore, l'expérience se produit à de longs intervalles tout d'abord et elle attend que la conscience soit prête.

 

Je ne vous suis pas très bien quand vous dites: "Ceci montre la direction

que vous devez prendre." Parce que, sûrement, cela s'applique à tout le monde ici. Et comment trouver le rassa dans un travail que l'on n'aime pas?

 

Oui, mais je n'écrivais pas à tout le monde et tout le monde n'a pas demandé le rassa dans le travail.

 

Si l'on demande à un sâdhak de faire l'offrande de lui-même dans un travail pour lequel il a un goût naturel, l'offrande devient joyeuse et donc plus facile — c'est le "rassa" même du Divin et c'est pour cela que nous sommes tous ici, n'est-il pas vrai? Par exemple, si le Divin demandait à Dilip de changer d'allégeance et de passer des activités littéraires à quelque autre Déité—disons à celle qui préside à la direction des domestiques (s'il en est une), vous pouvez d'avance prévoir le résultat.

 

Ce n'est pas une question d'aimer, mais de capacité — bien que, d'habitude (pas toujours), le goût aille avec la capacité. Mais la capacité peut se cultiver et le goût peut se cultiver, ou plutôt le rassa dont vous parlez. On ne peut pas dire que l'on soit dans un état tout à fait yoguique (en ce qui concerne notre yoga), tant que l'on n'est pas capable d'accepter avec bonne volonté n'importe quel travail donné comme une offrande au Divin. À une époque, j'étais

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some parts of my letter which deal with my personal experience ?

 

It is not of much importance whether you can show or not. Just as you feel about it. Later on it may become necessary for you to keep all your personal experiences to yourself.

 

*

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December 12, 1934

 

Is it right to suppose that the Divine Will acts from behind in order to exhaust some abnormal propensity ? I write so because I read in the life of a Mahapurusha that he saw the Will of the Divine or his Guru who led him to exhaust his propensity through satisfaction from indulgence,

 

It may be true of this Mahapurusha or of other well-known cases, because the spiritual impulse is strong in them and survives , but what of those in whom the desire persists or even grows ?

 

What to do now? on one side such a bhakti and on the other these propensities! Do save him or at least give him a thunder.

 

He will have to fight it out. You can tell him whatever happens not to despair. I don't think thunder is much use.

 

Today I was very quiet in meditation and saw the full moon with cross stripes over it.

 

Full moon = spiritual consciousness. Cross is the symbol of the triple Divine — transcendent, cosmic, individual.

 

Last night I had a dream that you had come out of your seclusion for once ; you were tall, quite young, but very dark. I began to wonder if this was Sri Aurobindo of former years!

 

No. It is not likely. It is probably some subtle physical form—that one corresponding to the Shiva element in me. I have seen myself like that sometimes and it was always the Shiva formation.

 

*

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December 14, 1934

 

When I came for your Darshan, it seemed as if it was Shiva himself

absolument inapte à tout travail physique et je ne me souciais que du mental, mais je me suis dressé à faire des travaux physiques avec soin et perfection afin de surmonter ce défaut flagrant dans mon être et de rendre l'instrument corporel apte et conscient. De même pour certains autres ici. Une nature qui n'est pas dressée à accepter le travail et les activités extérieures devient mentalement trop lourde d'en haut — physiquement inerte et obscure. Il faut être estropié ou trop faible physiquement pour écarter tout à fait le travail physique. Naturellement, je me place à un point de vue idéal — le reste dépend de la nature de chacun.

Quant à la déité qui préside à la direction des domestiques et aux travaux de magasinage (de même qu'à la poésie et à la peinture), c'est toujours la même : la Shakti, la Mère.

 

Voyez-vous un inconvénient à ce que je montre certaines parties de la lettre où je parle de mon expérience personnelle ?

 

Que vous la montriez ou non n'a pas beaucoup d'importance. Plus tard, il deviendra peut-être nécessaire de garder pour vous toutes vos expériences personnelles.

 

 

*

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Le 12 décembre 1934

 

Est-il exact de supposer que la Volonté divine pousse par derrière afin d'épuiser certains penchants anormaux ? Je vous demande cela parce que j'ai lu dans la vie d'un Mahâpourousha1 qu'il voyait la Volonté du Divin ou de son Gourou le pousser à épuiser ses penchants en leur donnant satisfaction.

 

C'est peut-être vrai dans le cas de ce Mahâpourousha, ou en d'autres cas bien connus, parce que l'élan spirituel est puissant en eux et surnage ; mais que dire de ceux chez qui le désir persiste ou même s'accroît ?

 

Alors, que faire ? D'un côté, cette bhakti, et de l'autre, ces penchants ! Sauvez cet homme, ou, pour le moins, envoyez-lui vos foudres.

 

Il faudra qu'il se batte pour s'en débarrasser. Vous pouvez lui dire de ne jamais désespérer, quoi qu'il arrive. Je ne crois pas que les foudres servent à grand-chose.

 

Aujourd'hui, j'ai eu une méditation très tranquille et j'ai vu la

 

1 Mahâpourousha : une grande âme.

 

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I was seeing. I felt Ananda too. The consciousness of these things remained for two or three days, and then as if evaporated.

 

There is no reason to be discouraged by what you call the evaporation of the consciousness that you got on the darshan day. It has not evaporated but drawn back from the surface. That usually happens when there is not the higher consciousness or some experience. What you have to learn is not to allow depression, but remain quiet allowing time for the assimilation and ready for fresh experience or growth whenever it comes.

 

The dream ended, but recurred soon after when I saw that you have appeared before my closed eyes exactly the same in appearance as we see you during Darshan. The vision remained for some time. The joy was not as intense as on a previous occasion. Was it because I made some intentional movements in order to test the strength of the vision ?

 

May be-—The consciousness was probably nearer to the gross physical which is less responsive than the inner physical being.

 

Mother, it seemed by your looks at pranam that you didn't approve  

of some of my movements. Is it true?

 

No. It was probably some idea of your own that put that appearance on the Mother's look.

 

Is it unnecessary to write about these dream-experiences ?

 

No—it is useful to write.

 

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December 15, 1934

 

I thought not to write about the restaurant food I have taken but resolved not to do it again.

 

It is always better to say.

 

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December 16, 1934

 

Is it possible to attain the highest realisation in your Yoga through work alone, or is work to be used only as a means up to a certain stage and then left aside, as Ramakrishna said in his well-known

pleine lune avec, dessus, des raies en forme de croix.

 

Pleine lune — conscience spirituelle. Croix — symbole du triple Divin : transcendant, cosmique, individuel.

 

La nuit dernière, j'ai rêvé que, pour une fois, vous étiez sorti de votre réclusion. Vous étiez grand, très jeune, mais très bronzé. Je me suis demandé si ce n'était pas le Sri Aurobindo d'autrefois !

 

Non. C'est peu probable. C'est plutôt quelque forme du physique subtil — celle qui correspond à l'élément de Shiva en moi. Je me suis parfois vu comme cela, et c'était toujours la formation de Shiva.

 

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Le 14 décembre 1934

 

Quand je suis arrivé pour votre Darshan, j'ai cru voir Shiva lui-même. J'ai senti l'Ânanda aussi. Cette conscience m'est restée pendant deux ou trais jours, puis elle s'est comme évaporée.

 

Il n'y a aucune raison d'être découragé par ce que vous appelez l'évaporation

de la conscience que vous aviez eue le jour du darshan. Elle ne s'est pas évaporée, mais retirée de la surface. Cela arrive habituellement quand la conscience supérieure n'est pas là ni quelque expérience. Ce qu'il faut apprendre, c'est à ne pas accepter la dépression et à rester tranquille en laissant le temps nécessaire à l'assimilation, et être prêt à une nouvelle expérience ou à une nouvelle croissance chaque fois qu'elle vient.

 

Ce rêve s'est terminé, mais il est revenu peu après et je vous ai vu apparaître devant mes yeux fermés exactement comme je vous avais vu pendant le Darshan. La vision est restée quelque temps. La joie n'était pas aussi intense que l'autre fois. Est-ce parce que j'ai fait intentionnellement quelques mouvements pour mettre à l'épreuve la solidité de la vision :

 

Peut-être. La conscience était probablement plus proche du physique grossier, qui est moins réceptif que l'être physique intérieur.

 

Mère, si j'en juge par votre regard au pranâm, il m'a semblé que vous n'approuviez pas certains de mes mouvements ? Est-ce vrai ?

 

Non. C'était probablement votre

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analogy of a pregnant woman and the gradual falling off of her work with the nearing of her full time?

 

Am I Ramakrishna or is there no difference between my Yoga and his ?

 

If I remember right., you wrote to me that work is only a means for the preparation of the spiritual life; otherwise, it does not have much value.

 

Lord God ! When did I make this stupendous statement which destroys at one fell sweep the two volumes of the Essays on the Gita and all the seven volumes of the Arya ? Work by itself is only a preparation, so is meditation by itself, but work done in the increasing yogic consciousness is a means of realisation as much as meditation is.

 

You wrote, I think, in Dilip's letter also that work only prepares one for the direct contact with the inmost.

 

I have not said, I hope, that work only prepares. Meditation also prepares for the direct contact. If we are to do work only as a preparation and then become motionless meditative ascetics, then all my spiritual teaching is false and there is no use for supramental realisation or anything else that has not been done in the past.

 

My own impression is that work is an excellent means as a preparation, but the major experiences and realisations are not likely to come in doing works.

 

I see. When the time for preparation is over, one will sit immobile for ever after and never do any work — for, as you say, work and realisation cannot go together. Hurrah, for the Himalayas ! Well, but why not then the old Yoga ? If work is so contrary to realisation ! That is Shankara's teaching. In that case I am entirely wrong in preaching a dynamic Yoga. Let us go back to the cave and the forest.

 

My theory about work hampering one-pointed concentration finds some support, I think, from your own example. You have said that 9110 of your time is spent in doing correspondence, works etc., whereas only 1/10 is devoted to concentration.

 

For me, correspondence alone. I have no time left for other "works etc." Concentration and meditation are not the same thing. One can be concentrated in work or bhakti as well as in meditation. For God's sake be very careful about your vocabulary, or else you will tumble into many errors and loosenesses of thinking.

If I devoted 9/10 of my time to concentration and none to work the result

propre idée qui a donné cette apparence au regard de Mère.

 

Est-il inutile de vous écrire ces expériences de rêve ?

 

Non, il est utile d'écrire.

 

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Le 15 décembre 1934

 

Je ne voulais pas vous dire que j'avais pris de la nourriture au restaurant, mais j'ai résolu de ne pas recommencer.

 

Il est toujours mieux de dire.

 

*

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Le 16 décembre 1934

 

Est-il possible de parvenir à la réalisation suprême dans votre yoga uniquement par le travail, ou le travail est-il seulement utile comme un moyen intermédiaire, jusqu'à un certain stade, puis on le laisse de côté, comme disait Râmakrishna dans sa célèbre analogie de la femme enceinte qui

peu à peu réduit son travail à mesure que le terme approche.

 

Suis-je Râmakrishna et n'y a-t-il pas une différence entre son yoga et le mien?

 

Si je me souviens bien, vous m'aviez écrit que le travail était seulement un moyen de se préparer à la vie spirituelle, sinon, il n'avait pas beaucoup de valeur.

 

Seigneur Dieu! Quand ai-je fait cette prodigieuse déclaration qui démolit d'un coup les deux tomes des Essais sur la Guîtâ et les sept volumes de l'Arya ? Le travail en lui-même est seulement une préparation, et de même la méditation en elle-même, mais le travail accompli avec une conscience yoguique grandissante est un moyen de réalisation autant que la méditation.

 

Vous avez écrit aussi, je crois, dans une lettre à Dilip, que le travail préparait seulement au contact direct avec les profondeurs.

 

Je n'ai pas dit, j'espère, que le travail seulement préparait au contact. La méditation aussi prépare au contact direct. Si nous devons travailler seulement pour nous préparer, puis devenir des ascètes immobiles et méditants, tout mon enseignement spirituel est faux et nous n'avons que faire de la réalisation supramentale

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would be equally unsatisfactory. My concentration is for a particular work— it is not for meditation divorced from life. When I concentrate, I work upon others, upon the world, upon the play of force. What I say is that to spend all the time reading and writing letters is not sufficient for the purpose. I am not asking to become a meditative sannyasi.

 

Did you not retire for five or six years for an exclusive and intensive meditation?

 

I am not aware that I did so. But my biographers probably know more about it than I do.

 

If the Supramental Divine himself differentiates between work and concentration and finds it difficult to radiate his force contemporaneously with his work of correspondence, etc., what about undivines and inframentals like us?

 

Between concentration on correspondence alone and the full many-sided work — not between work and correspondence. It does not mean that I lose the higher consciousness while doing the work of correspondence. If I did that, I would not only not be supramental, but would be very far even from the full Yogic consciousness.

(Sri Aurobindo underlined the words

 

in my letter "contemporaneously with his work of correspondence", and wrote)

Say "by correspondence alone". If I have to help somebody to repel an attack, I can't do it by only writing a note. I have to send him some force or else concentrate and do the work for him. Also I can't bring down the Supramental merely writing neatly to people about it. I am not asking for leisure to meditate at ease in a blissful indolence. I said distinctly I wanted it for concentration on other more important work than correspondence.

The ignorance underlying this attitude is in the assumption that one must necessarily do only work or only meditation. Either work is the means or meditation is the means, but both cannot be ! I have never said, so far as I know, that meditation should not be done. To set up an open competition or a closed one between work and meditation is a trick of the dividing mind and belongs to the old Yoga. Please remember that I have all along been declaring an integral Yoga in which Knowledge, Bhakti, works, light of Consciousness, Ananda and love, will and power in works — meditation, adoration, service of the Divine have all their place. Have I written seven volumes of the Arya all in vain ? Meditation is not greater than Yoga of works nor works greater than Yoga by knowledge — both are equal.

Another thing — it is a mistake to argue from one's own very limited experience, ignoring that of others and build on it large generalisations about Yoga.

ni de tout ce qui n'a pas déjà été fait dans le passé.

 

Mon impression personnelle, c'est que le travail est un excellent moyen de préparation, mais que les grandes expériences ou les grandes réalisations ont peu de chances de venir par le travail.

 

Vous m'en direz tant! Quand le temps de préparation sera terminé, nous nous assiérons immobiles pour les siècles des siècles et nous ne ferons plus jamais le moindre travail — puisque, dites-vous, travail et réalisation ne peuvent pas aller de pair. Vive les Himalaya ! Bon, mais alors pourquoi pas les vieux yoga si le travail est tellement contraire à la réalisation! C'est l'enseignement de Shankara. En ce cas, j'ai complètement tort de prêcher un yoga dynamique. Retournons aux cavernes et à la forêt.

 

Ma théorie que le travail empêche une concentration exclusive trouve quelque appui, je crois, dans votre propre exemple. Vous avez dit que les neuf-dixièmes dé votre temps se passaient à la correspondance, travaux etc., tandis qu'un dixième seulement allait à la concentration.

 

Pour moi, correspondance seulement. Il ne me reste pas de temps pour les autres "travaux etc.". Concentration

et méditation sont deux choses différentes. On peut être concentré dans le travail ou dans la bhakti tout autant que dans la méditation. Pour l'amour de Dieu, faites un peu attention à votre vocabulaire, sinon vous allez tomber dans bien des erreurs et dans une pensée nuageuse.

Si je consacrais les neuf-dixièmes de mon temps à la concentration et rien au travail, le résultat serait également insatisfaisant. Ma concentration s'applique à un travail particulier — pas à une méditation divorcée de la vie. Quand je me concentre, je travaille sur les autres, sur le monde, sur le jeu des forces. Ce que je dis, c'est que passer tout son temps à lire et à écrire des lettres ne suffit pas à l'affaire. Je ne demande pas à devenir un sannyâsin méditatif.

 

Mais n'est-il pas vrai que vous vous êtes retiré pendant cinq ou six ans pour vous consacrer à une méditation intensive et exclusive ?

 

Je ne suis pas au courant. Mais probablement mes biographes en savent plus que moi.

 

Si le Divin supramental lui-même fait une différence entre le travail et la concentration, et trouve difficile d'irradier sa force tout en faisant son travail de correspondance, etc., que dire de

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This is what many do, but the method has obvious demerits. You have no experience of major realisations through works, and you conclude that such realisations are impossible. But what of the many who have had them — elsewhere and here too in the Ashram ? That has no value ? You hint to me that I have failed to get anything by works ? How do you know ? I have not written the history of nay sadhana—if I had you would have seen that if I had not made action and work one of my chief means of realisation — well, there would have been no sadhana and no realisation except that, perhaps, of Nirvana.

I shall perhaps add something hereafter as to what works can do, but no time to-night.

Don't conclude however that I am exalting works as the sole means of realisation. I am only giving it its due place.

You will excuse the vein of irony or satire in all this — but really when I am told that my own case disproves my own spiritual philosophy and accumulated knowledge and experience, a little liveliness in answer is permissible.

 

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December 19, 1934

 

I send you the letter of the 16th for a little correction. In one place all of us stumbled. You have

 

written: "It does not mean that 7 use the higher ......" use does not seem to make any sense here.

 

Because you have turned "lose" into "use". No wonder everybody stumbled over that hitch.

 

If you have time, please complete the letter to-night.

 

None to-night.

 

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December 21, 1934

 

It seems I had the same experience again. In the meditation I felt that something descended, and the body became silent, it seemed to me that it was something apart from me. Along with this the inner silence began. I tried to test and verify it by thinking of external things, which however could not disturb the silence.

 

The real self (Atman or Purusha) is not the body — the body is something separate, a part of the being, but a part of Prakriti, not the true self or Purusha.

It is best to remain silent. To test the experience may lead to a mental activity which will break it. That it did

nous, pauvres non-divins et inframentaux que nous sommes?

 

Différence entre la concentration sur la correspondance seule et le travail complet sur tous les plans —pas entre le travail et la correspondance. Cela ne veut pas dire que je perde la conscience supérieure quand je travaille à la correspondance. Si je la perdais, non seulement je ne serais pas supramental, mais je serais même fort loin de la conscience yoguique complète.

(Sri Aurobindo souligne les mots de Nirodbaran "tout en faisant son travail de correspondance" et ajoute :) Dites plutôt "par la correspondance seule". Si je dois aider quelqu'un à repousser une attaque, je ne peux pas le faire simplement en écrivant une note. Il faut que je lui envoie une force, ou bien que je me concentre et que je fasse le travail pour lui. De même, je ne peux pas faire descendre le Supramental simplement en écrivant de jolies lettres aux gens sur le sujet. Je ne demande pas des loisirs pour méditer tranquillement dans une indolence béate. J'ai dit expressément que je voulais le temps de me concentrer sur un autre travail plus important que la correspondance.

L'ignorance cachée derrière cette attitude part du postulat que, nécessairement, l'on doit exclusivement travailler ou exclusivement méditer. Ou bien le travail est le moyen, ou bien la méditation est le moyen, mais les deux ne vont pas ensemble! Je n'ai jamais dit, autant que je sache, que l'on ne devait pas méditer.

Faire un concours de haute lutte, ou de basse lutte, entre le travail et la méditation est le vieux truc du mental diviseur, c'est ce que fait le vieux yoga. Souvenez-vous, je vous prie, que j'ai tout du long proclamé un yoga intégral où la Connaissance, la Bhakti, les Œuvres, la Lumière de la Conscience, l'Ânanda et l'Amour, la volonté et le pouvoir dans les œuvres — méditation, adoration, service du Divin —, ont chacun leur place. Aurais-je écrit en vain les sept volumes de l'Arya ? La méditation n'est pas supérieure au yoga des œuvres, ni les œuvres supérieures au yoga de la connaissance — l'un et l'autre sont égaux.

Autre chose : il est erroné de tirer argument de votre propre expérience limitée sans tenir compte de celle des autres, et de bâtir là-dessus de vastes généralisations sur le yoga. C'est ce que beaucoup de gens font, mais la méthode a d'évidents démérites. Vous n'avez aucune expérience des réalisations majeures par les œuvres, alors vous en concluez que ces réalisations sont impossibles. Mais que dire de tous ceux qui les ont eues — ailleurs et ici aussi, à l'Ashram ? Cela n'a pas de valeur ? Vous insinuez que j'ai échoué à arriver à quoi que ce soit par les œuvres ? Qu'en savez-vous ? Je n'ai pas écrit l'histoire de ma sâdhanâ — l'eusse-je fait, vous auriez vu que si je n'avais pas pris l'action et le travail comme l'un de mes principaux moyens de réalisation ... eh bien, il n'y aurait pas eu de sâdhanâ et pas de réalisation, sauf, peut-être, celle du Nirvana.

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not [do] so in this case shows that the power of silence that came down must have been very strong and imperative.

 

You said before that this condition was of the inner being and its silence, the separation of Purusha from Prakriti.

 

Yes, but it seems also to be the beginning of liberation from identification with the body consciousness. That easily comes with the Purusha consciousness in the inner being.

 

Is this inner being the same as the psychic being ?

 

No, not necessarily — the inner being is composed of the inner mental, the inner vital, the inner physical. The psychic is the inmost supporting all the others. Usually it is in the inner mental that this separation first happens and it is the inner mental Purusha who remains silent, observing the Prakriti as separate from himself. But it may also be the inner vital Purusha or inner physical or else without location simply the whole Purusha consciousness separate from the whole Prakriti. Sometimes it is felt above the head, but then it is usually spoken of as the Atman and the realisation is that of the silent Self.

 

I am fortunate to have the same experience repeated so soon.

 

Yes, it proves that the yogic consciousness is beginning to grow in you.

 

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December 22, 1934

 

You have written : "Those who do work for the Mother in all sincerity are prepared by the work itself for the right consciousness even if they do not sit down for meditation." Yet in another letter you say : "It may be necessary for an individual here and there to plunge into meditation for a time."

 

This applies to a certain number of people — it does not lay down no-meditation as a principle. Note the "even if" which gives the proper shade.

To "plunge into" means to do meditation alone — for a time only.

 

But when I wrote to you that I didn't feel like meditating, you replied, "I don't see how you can change your lower consciousness without it" ; and wizen I got back the urge to meditate you again said, "That is the only thing to do"

Isn't there some kind of inconsistency in all this?

J'ajouterai, peut-être, plus tard, quelque chose sur ce que les œuvres peuvent faire, mais pas le temps cette nuit.

Mais n'en concluez tout de même pas que je glorifie les œuvres et que j'en fasse le seul moyen de réalisation. Je leur donne simplement la place qui leur est due.

Excusez la veine d'ironie et de satire qui court dans tout cela, mais vraiment, quand je m'entends dire que mon propre cas réfute ma propre philosophie spirituelle, ma connaissance et mon expérience accumulées, il est permis d'avoir un peu de vivacité dans la réponse.

 

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Le 19 décembre 1934

 

Je vous envoie votre lettre du 16 pour une petite correction. Nous avons tous achoppé à un endroit. Vous avez écrit: "Cela ne veut pas dire que 'utilise la conscience supérieure quand je travaille à la correspondance ..." Utilise ne me semble pas avoir beaucoup de sens ici?

 

Parce que vous avez pris "utilise" pour "perde". Pas étonnant que vous ayez tous buté sur cet accroc.

Si vous avez le temps, pourriez-vous compléter la lettre cette nuit même?

 

Pas le temps cette nuit.

 

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Le 21 décembre 1934

 

On dirait que la même expérience est revenue. Pendant la méditation, j'ai senti quelque chose qui descendait et le corps est devenu silencieux ; j'avais l'impression qu'il était en dehors de moi. En même temps, le silence intérieur a commencé. J'ai essayé de le mettre à l'épreuve et de vérifier en pensant à des choses extérieures, mais elles n'arrivaient pas à déranger le silence.

 

Le moi réel (Âtman ou Pourousha) n'est pas le corps — le corps est quelque chose de séparé, une partie de l'être, mais une partie de Prakriti et non le vrai moi ou Pourousha.

Il vaut mieux rester silencieux. Mettre à l'épreuve l'expérience peut entraîner une activité mentale qui coupera l'expérience. Qu'elle ne l'ait pas été dans ce cas montre que le pouvoir de silence qui est descendu devait être très fort et impérieux.

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Perhaps there was a stress on the "you". I do not mind if you find inconsistencies in my statements. What people call consistency is usually a rigid or narrow-minded inability to see more than one side of the truth or more than their own narrow personal view or experience of things. Truth has many aspects and unless you look on all with a calm and equal eye, you will never have the real or the integral knowledge.

 

I have hardly any time for meditation.

 

Half an hour's meditation in the day ought to be possible — if only to bring a concentrated habit into the consciousness which will help it, first to be less outward in work and, secondly, to develop a receptive tendency which can bear its fruits even in the work.

 

 

In her Prayers, of 18th October 1914, the Mother says : "The joy presented to us in activity is compensated and counterpoised by the perhaps still greater joy that we feel in withdrawal from all activity." This implies that withdrawal from activity is preferable to activity.

 

Do you think the Mother has a rigid mind like you people and was laying down a hard and fast rule, for all time and all people and all conditions ?

 

It refers to a certain stage when the consciousness is sometimes in activity and when not in activity is withdrawn in itself. Afterwards comes a stage when the Sachchidananda condition is there in work also. There is a still further stage when both are as it were one, but that is the supramental. The two states are the silent Brahman and the active Brahman and they can alternate (1st stage), coexist (2nd stage), fuse (3rd stage). If you reach even the first stage then you can think of applying Mother's dictum, but why misapply it now ?

 

Is it possible to have the highest Sachchidananda realisation in  work ?

 

Certainly it is realisable in work. Good Lord ! How could the integral Yoga exist if it were not ?

 

Please excuse my asking these questions; as your Yoga is so new, at least the Karmayoga part of it, I have to.

 

Karmayoga is as old as the hills. What is this nonsense about its absolute newness ? Donner Wetter ! Tausend Teufel1.

 

If we question you repeatedly

 

1 Thundering weather, thousand devils.

Vous aviez dit un jour qu'il s'agissait de l'état de l'être intérieur et de son silence, que c'était la séparation du Pourousha et de la Prakriti.

 

Oui, mais il me semble aussi que c'est le commencement de la libération de l'identification avec la conscience du corps. Elle se produit aisément avec la conscience du Pourousha dans l'être intérieur.

 

Cet être intérieur est-il le même que l'être psychique?

 

Non, pas nécessairement. L'être intérieur se compose du mental intérieur, du vital intérieur et du physique intérieur. Le psychique est l'être profond qui soutient tous les autres. D'habitude, c'est dans le mental intérieur que cette séparation se produit d'abord, et c'est le Pourousha du mental intérieur qui reste silencieux à observer la Prakriti comme quelque chose de séparé de lui. Mais ce peut être aussi le Pourousha du vital intérieur ou du physique intérieur, ou encore sans situation : simplement toute la conscience du Pourousha qui se sépare de toute la Prakriti. Parfois, on sent cela au-dessus de la tête, mais alors, on dit d'habitude que c'est l'Âtman et que c'est la réalisation du Moi silencieux.

 

J'ai de la chance que la même expérience se répète si vite.

Oui, cela prouve que la conscience yoguique commence à grandir en vous.

 

*

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Le 22 décembre 1934

 

Vous avez écrit : "Ceux qui travaillent pour la Mère en toute sincérité se préparent, par le travail même, à la vraie conscience, même s'ils ne s'assoient pas pour méditer." Pourtant, dans une autre lettre, vous dites : "Il se peut qu'il soit nécessaire pour un individu ici et là de plonger dans la méditation pendant un temps"

 

Cela s'applique à un certain nombre d'individus — ce n'est pas pour ériger la non-méditation en principe. Notez le "même si" qui donne la nuance exacte.

"Plonger dans" veut dire méditer exclusivement — pendant un temps seulement.

 

Mais quand je vous ai écrit que je n'avais pas envie de méditer, vous m'avez répondu : "Je ne vois pas comment vous pouvez changer votre conscience inférieure sans cela", et quand le besoin de méditer me revient, vous dites encore : "C'est la seule chose à faire."

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about it, please excuse w.

 

Yes, but if I have to write the same thing over again and again to each sadhak — well !

Let one tiling be clear—I do not mean by work action done in the ego and the ignorance, for the satisfaction of the ego and in the drive of rajasic desire. There can be no Karmayoga without the will to get rid of ego, rajas and desire which are the seals of ignorance.

Another thing, I do not mean philanthropy or the service of humanity or all the rest of the things — moral or idealistic—which men substitute for the deeper truth of works.

I mean by work action done for the Divine and more and more in union with the Divine—for the Divine alone and nothing else. Naturally that is not easy at the beginning, any more than deep meditation and luminous knowledge are easy or even true love and bhakti are easy. But like the others it has to be begun in the right spirit and attitude, with the right will in you, then all the rest will come.

Works done in this spirit are quite as effective as bhakti or contemplation. One gets by the rejection of desire, rajas and ego a peace and purity into which the peace ineffable can descend—one gets by the dedication of one's will to the Divine, by the merging of one's will in the Divine will the death of ego and the enlarging into the cosmic consciousness or else the uplifting into what is

 

above the cosmic —one experiences the separation of Purusha from Prakriti and is liberated from the shackles of the outer nature, one becomes aware of one's inner being and sees the outer as an instrument; one feels the universal Force doing one's works and the self or Purusha watching or witness but free; one feels all one's works taken from one and done by the universal or the supreme Mother or by the Divine Power controlling and acting from behind the heart. By constant reference of all one's will and works to the Divine, love and adoration grow, the psychic being comes .forward. By the reference to the Power above, one can come to feel it above and its descent and the opening to an increasing consciousness and knowledge. Finally works, bhakti and knowledge join together and self-perfection becomes possible—what we call the transformation of the nature.

These results certainly do not come all at once; they come more or less slowly, more or less completely according to the condition and growth of the being. There is no royal road to the divine realisation.

This is the Karmayoga as it is laid down in the Gita and developed by myself in the Arya. It is founded not on speculation and reasoning but on experience. It does not exclude meditation and certainly does not exclude bhakti, for the self-offering to the Divine, the consecration of all oneself to the Divine which is the very essence of this Karmayoga are essentially a movement of bhakti. Only it does exclude a life-fleeing exclusive meditation

N'y a-t-il pas une sorte d'illogisme dans tout cela?

 

Peut-être l'accent était-il sur le "vous". Il m'est égal que vous trouviez des illogismes dans mes propos. Ce que les gens appellent logique, d'habitude, est une rigidité ou une étroitesse mentale incapable de voir plus d'un côté de la vérité ou plus loin que leur propre point de vue personnel ou leur étroite expérience des choses. La Vérité a bien des aspects et si vous n'êtes pas capable de les voir tous d'un œil calme et égal, vous n'aurez jamais la connaissance vraie ni intégrale.

 

Je n'ai guère le temps de méditer.

 

Une demi-heure de méditation dans la journée devrait être possible—ne serait-ce que pour amener dans la conscience une habitude concentrée qui l'aidera à être moins extrovertie dans le travail, d'abord, ensuite à cultiver une tendance réceptrice qui portera ses fruits au milieu même du travail.

 

Dans ses "Prières" du 8 octobre 1914 la Mère dit: "La joie contenue dans l'activité est compensée et équilibrée par la joie plus grande peut-être encore contenue dans le retrait de toute activité ..." Cela suppose que le retrait de l'activité est préférable à l'activité.

Croyez-vous que la Mère ait1 un mental rigide comme vous autres et qu'elle voulait faire une règle absolue pour tous les temps et tout le monde et dans toutes les circonstances ? Ce texte se réfère à un certain stade où la conscience est parfois en activité, et quand elle ne l'est pas, elle se retire en elle-même. Plus tard, vient un stade où l'état de Satchidânanda est là aussi dans le travail. Il existe un stade encore plus avancé où les deux états sont pour ainsi dire un, mais c'est l'état supramental. Ces deux états sont celui du Brahman silencieux et du Brahman actif, et ils peuvent alterner (premier stade), coexister (deuxième stade), fusionner (troisième stade). Si vous pouvez atteindre, fût-ce au premier stade, vous pourrez penser à user de la maxime de Mère — mais pourquoi en mésuser maintenant ?

 

Est-il possible d'obtenir la plus haute réalisation de Satchidânanda dans le travail? .

 

Certainement, c'est réalisable dans le travail. Bon sang ! Comment le yoga intégral pourrait-il exister si ce ne l'était pas?

 

Veuillez m'excuser si je vous pose ces questions, mais votre yoga est si nouveau, du moins en sa partie de Karmayoga, que j'y suis contraint.

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or an involved1 Bhakti shut up in its own inner dream, taken as the whole movement of the Yoga. One may have hours of pure absorbed meditation or of the inner motionless adoration and ecstasy, but they are not the whole of the integral Yoga.

 

*

**

 

December 25, 1934

 

I read in some book that only when one has developed a strong hatred towards lower troubles one can conquer them.

 

1 Uncertain reading (Ed.)

 

That is not true. Indifference is sufficient.

 

Do you think learning sitar will be useful for me ?

 

I don't see much use in sitarring  but if you do !

 

Your German has become Greek to me. Sir ! It is illegible. Dilip wants to know if one is "Teufel' meaning "fiend".

 

These are swearings in German : Donner Wetter (thundering weather) Tausend Teufel (thousand devils = French Mille diables).

 

(To be continued)

 

Le Karmayoga est aussi vieux que les montagnes. Qu'est-ce que cette sottise de son absolue nouveauté ? Donner Wetter ! Tausand Teufel1.

 

Si nous vous posons des questions encore et encore, veuillez nous excuser.

 

Oui, mais si je dois écrire encore et encore la même chose à chaque sâdhak ... bon!

Qu'une chose soit claire : je n'entends pas, par travail, l'action accomplie dans l'ego et dans l'ignorance, pour la satisfaction de l'ego et sous le coup du désir râdjasique. Il ne peut pas y avoir de Karmayoga sans la volonté de se débarrasser de l'ego, de radjas et du désir, qui sont l'estampille de l'ignorance.

Autre chose : je n'entends pas non plus la philanthropie ni le service de l'humanité ni tout le tremblement — moral ou idéaliste — que les hommes mettent à la place de la vérité plus profonde des œuvres.

Par les œuvres, j'entends l'action accomplie pour le Divin et de plus en plus en union avec le Divin — et pour le Divin seulement et pour rien autre. Naturellement, ce n'est pas facile au début, pas plus que la méditation profonde et la connaissance lumineuse ne le sont ni l'amour vrai et la bhakti. Mais comme les autres yoga, le Karmayoga doit commencer dans l'esprit vrai et avec l'attitude

 

1 En allemand dans le texte : "Tonnerre de Brest ! Mille diables !"

vraie, la volonté vraie en vous, alors tout le reste viendra.

Les œuvres accomplies dans cet esprit ont tout autant d'effet que la bhakti ou la contemplation. Par le rejet du désir, de radjas et de l'ego, on arrive à une paix et à une pureté où l'ineffable paix peut descendre ; par la consécration de sa volonté au Divin, par la fusion de sa volonté dans la volonté divine, on arrive à la mort de l'ego et à l'élargissement en la conscience cosmique, ou encore à l'ascension en ce qui est au-dessus de la conscience cosmique — c'est l'expérience de la séparation du Pourousha et de la Prakriti et on est libéré des boulets de la nature extérieure ; on prend conscience de son être intérieur et voit l'être extérieur comme un instrument ; on sent que c'est la Force universelle qui fait nos œuvres, et le moi ou Pourousha regarde ou est le témoin, mais libre ; on sent que toutes nos œuvres sont prises de nos mains et accomplies par la Mère universelle ou suprême, ou par le Pouvoir divin qui gouverne et agit derrière le cœur. En référant constamment toute sa volonté et toutes ses œuvres au Divin, l'amour et l'adoration grandissent, l'être psychique vient en avant. En se référant au Pouvoir au-dessus, on peut finir par le sentir en haut et sentir sa descente, une ouverture à une conscience et à une connaissance croissantes. Enfin, les œuvres, la bhakti et la connaissance se rejoignent et la perfection de soi devient possible — c'est ce que nous appelons la transformation de la nature.

Tous ces résultats ne viennent pas

 

 

 

 

 

 

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d'un seul coup, c'est certain; ils viennent plus ou moins lentement, plus ou moins complètement selon l'état et la croissance de l'être. Il n'existe pas de route royale de la réalisation divine.

Tel est le Karmayoga fixé par la Guîtâ et que j'ai amplifié dans l'Arya Il ne se fonde pas sur des spéculations ni des raisonnements, mais sur l'expérience. Il n'exclut pas la méditation et certainement pas la bhakti, car l'offrande de soi au Divin, la consécration de tout soi-même au Divin, qui sont l'essence même de ce Karmayoga, sont essentiellement un mouvement de bhakti. Il exclut seulement une méditation exclusive qui fuit la vie, ou une Bhakti absorbée et enfermée dans son propre rêve intérieur dont on voudrait faire le mouvement total du yoga. On peut avoir des heures de pure méditation absorbée ou d'adoration intérieure et d'extase immobile, mais ce n'est pas le tout du yoga intégral.

 

Le 25 décembre 1934

 

Dans un livre, j'ai lu que c'était seulement quand on était arrivé à une forte haine des tourments inférieurs que l'on pouvait les conquérir.

 

Ce n'est pas vrai. L'indifférence suffit.

 

Croyez-vous qu'apprendre le sitar me serait utile?

 

Je ne crois pas que de sitariner vous serve à grand-chose — mais enfin, si vous le croyez!...

 

Votre allemand est de l'hébreu pour moi. Monsieur ! C'est illisible. Dilip voudrait savoir si "teufel" veut dire "démon"?

 

Ce sont des jurons allemands :

Donner Wetter (tonnerre de temps), Tausand Teufel ("thousand devils" — mille diables en français).

(à suivre)

Report on the Quarter

 

Darshan

 

"The more we advance on the way, the more the need of the Divine Presence becomes imperative and indispensable."

 

THIS is the Message given by the Mother on the 95th Anniversary of — Her birth which was celebrated in the Ashram on 21 February, 1973. The celebrations began early in the morning with a visit to Sri Aurobindo's Room. At 10, there was collective Meditation around the Samadhi. Mother gave Darshan in the evening to a large number of people including visitors. After Darshan there was March Past at the Playground, Bande Mataram, music by the J.S.A.S.A. Band and Meditation with the Mother's recorded reading from Sri Aurobindo's book The Mother.

Education Academic : Extension Lectures

On 6.1.73, Kireet Joshi gave a talk on Philosophy, and on 3.2.73, on Materialism, for our Higher Course students.

On 20.1.73, Michael spoke on Shakespeare's King Richard II.

On 17.2.73, Bob Lawlor of Auroville gave a talk on the Work of Sri Aurobindo and the Mother in the U.S.A.

Arindam Basu, Himangshu Niyogi and Chhotenarain Sharma spoke on the reception of the Sacred Relics of Sri Aurobindo in West Bengal on 14, 23 and 24 February respectively. Himangshu spoke in Bengali.

On 15.2.73, Nolini told a group of our students the true story of how a devotee of the Mother had contact with Her inner being. He also gave readings from Savitri.

On 24.2.73, Vedprakash spoke on the Current Dollar Crisis : genesis and implications, for our Higher Course students.

On 24.2.73, Nimai Mahapatra spoke on the Upanishads (Saturday programme).

 

 

 

 

 

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Education Physical

As mentioned in our last issue, the normal group activities were started from 16th December and are to be continued till the end of March. However, during this 'normal season', we are holding our cricket tournaments to avoid the hot summer sun.

There were 106 entries from Groups F, D, B, C, Non-group and Captains for the Cricket tournament, and these were divided into three divisions of three teams each, played on the League basis.

There was also a Limited Overs tournament based on Gillette Cup rules, for which there were five divisions of two teams each. All the matches were well contested and interesting. Of special note was the bowling of one of the girls who took 12 wickets for 27 runs during the tournament.

From Group A we received 33 entries and we had the normal tournament and a Limited Overs tournament, in both of which the Cricket was very interesting.

From the 1st of April our first 'season' of concentration training has started. A report on this will be given later.

 

Entertainments — Educational and Cultural

 

On the occasion of the Darshan, exhibitions were arranged of Batik work. Batik painting, Embroidery and Tailoring works. Marbling products, plastic works of New Bindery, educational and didactic materials by Hand-made Paper Factory.

On 20 January 1973, some of our senior students presented a programme of mime (Saturday programme).

Our Dramatic section staged on 23.1.73 Shakespeare's King Richard II. On 30.1.73, was staged La Petite Étoile a French Playlet written by one of our teachers.

On 6.2.73, was presented selected scenes from Shakespeare's Julius Caesar.

On 12.2.73, our children staged a Hindi playlet called Anokhi Hirni, "A Marvellous Doe", written by one of our teachers.

On 27.2.73, Debiprasad gave a sarod recital and Aniruddha a flute

Rapport Trimestriel

Darshan

 

"Plus on avance, plus le besoin d'une Présence Divine devient impérieux et indispensable."

 

CE message a été donné par la Mère à l'occasion de son 950 anniversaire, célébré à l'Ashram le 21 février 1973.

Cette célébration commença tôt le matin par la visite de la chambre de Sri Aurobindo. À dix heures eut lieu une méditation collective autour du Samâdhi. Le soir, la Mère donna son darshan à une grande foule comprenant de nombreux visiteurs. Après le Darshan eut lieu le défilé au Terrain de jeux, aux sons du Bandé Mâtaram et autres morceaux interprétés par notre fanfare. La soirée se termina par une méditation et par ;l'audition d'un enregistrement de La Mère de Sri Aurobindo, lu par la Mère.

 

Cours et Conférences

 

Le 6 janvier Kireet Joshi fit aux étudiants du Cours supérieur une conférence sur la philosophie et une autre, le 3 février, sur le matérialisme.

Le 20 janvier Michael parla de Richard Il, pièce de Shakespeare.

Le 17 février. Bob Lawlor, d'Auroville, donna une causerie sur l'œuvre de Sri Aurobindo et de la Mère aux États-Unis.

Les 14, 23 et 24 février, lors de la remise des saintes reliques de Sri Aurobindo au Bengale de l'Ouest, Arindam Basu, Himansu Niyogi et Chhotenarain Sharma ont prononcé des discours. Himansu a parlé en bengali.

Le 15 février Nolini, se basant sur une histoire vraie, a raconté à un groupe d'étudiants comment un disciple de la Mère avait un contact réel avec l'être intérieur de Mère. Nolini lut également quelques passages de Savitri.

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recital; both are our music teachers.

On 2.3.73, our children presented a programme in Bengali of songs, recitations and dialogues adapted from the Mother's Belles Histoires (Tales of All Time). Nolini Sarkar, our senior Bengali teacher, recited a long invocation to the Divine Mother from a Bengali drama. In addition, during the Saturday Programme this quarter, were included the Mother's recorded readings from Savitri with Sunil's music.

Recorded music, Indian and European, was played every week.

The films we saw this quarter included The Lion in Winter, Soldier, Sampoorna Ramayana (Tamil), Mere Bhaiya (Hindi) and Russian and American Documentary films.

 

General

 

On 15.1.73, the Mother gave the Sacred Relics of Sri Aurobindo to Bholanath Sen, Minister, Government of West Bengal and Himangshu Kumar Niyogi, President, Sri Aurobindo Pathamandir, for installation at Sri Aurobindo Bhavan, the house where Sri Aurobindo was born, and which has been consecrated by the Government under that name. At Calcutta, the Relics were taken to the Alipore Central Jail where Sri Aurobindo was detained as an under trial prisoner and then to Alipore Court where He was tried and acquitted. Arranged by the Government in collaboration with the Pathamandir, the Relics were taken round all the Districts of West Bengal On 16.2.73, the Relics reached Jadavpur University, developed out of the National College of which Sri Aurobindo was the first Principal. From there, in one of the longest of recent processions in Calcutta, they were taken to Sri Aurobindo Bhavan where they were installed by Shri A. L. Dias, Governor of West Bengal.

On 19.2.73, there was a meeting of our teachers for listening to a recorded conversation of the Mother that took place on 8.2.73 about how teachers should prepare for the work that She expects them to do.

On 21.2.73, Madhav Pandit inaugurated the teacher's training section as an educational activity of the Hand-made Paper Factory.

On 25.2.73, was held the twenty-seventh Seminar of the New Age Association, the subject selected by the Mother was —

Le 24 février Vedprakash s'est adressé aux élèves du Cours supérieur au sujet de la crise du dollar, son origine et ses implications.

Le 24 février Nimai Mahapatra nous parla des Oupanishad (programme du samedi).

 

Éducation physique

 

Ainsi que nous l'avons mentionné dans le dernier bulletin, les activités normales des groupes commencèrent le 16 décembre et continuèrent jusqu'au 31 mars. Toutefois nous avons déjà commencé les tournois de cricket, afin d'éviter la grosse chaleur.

En cricket, il y eut 106 inscriptions des groupes F, D, B, C, Sans-groupe et Capitaines. Les joueurs furent répartis en trois divisions de trois équipes, et l'on joua selon les matches de championnat.

Il y eut également des parties de "limited overs" suivant les règles de la coupe Gillette. Y participèrent cinq divisions à deux équipes. Tous ces matches furent très intéressants. On remarqua spécialement une jeune fille très douée dans le lancement de la balle.

Il y eut 33 inscriptions du groupe A pour des matches de cricket normal et des parties de "limited overs", tous fort bien joués.

À partir du Ier avril nous avons commencé notre première "saison" d'entraînement de la concentration. Nous en donnerons un compte rendu plus tard.

 

Divertissements éducatifs et culturels

 

À l'occasion du Darshan les expositions suivantes furent organisées :

— travaux de bâtik,

— travaux d'aiguille, par l'atelier de broderie,

— produits marbrés,

— produits en plastique, par le nouvel atelier de reliure,

— matériel pour l'éducation, par la fabrique de papier.

Le 20 janvier quelques étudiants présentèrent un programme de pantomime (programme du samedi).

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"How to collaborate in all sincerity in showing to the world that man can be a true servant of the Divine ?"

 

Mother's answer was read out by Kishor Gandhi :

 

"By being a true servant of the Divine."

 

New Publications

 

Sri Aurobindo — The Mother

Satprem — The Adventure of Consciousness

 

Le 23 janvier notre section dramatique joua Richard Il de Shakespeare.

Le 30 janvier fut jouée une petite pièce en français, écrite par l'un de nos professeurs et intitulée : La petite étoile.

Le 6 février furent présentées quelques scènes choisies de Jules César de Shakespeare.

Le 12 février nos enfants jouèrent une petite pièce en hindi, intitulée Anôkhî Hirnî, "une biche merveilleuse", écrite par un de nos professeurs.

Le 27 février Debiprasad donna un récital de sarôd et Aniruddha un récital de flûte. Ils sont, tous deux, nos professeurs de musique.

Le 2 mars nos enfants présentèrent en bengali un programme de chants, de récitations et de dialogues tirés de Belles histoires de la Mère. Nolini Sarkar, notre principal professeur de bengali, récita une longue invocation à la Mère Divine, tirée d'une pièce bengali. Étaient inclus dans les programmes du samedi les enregistrements des lectures de Savitri par la Mère, accompagnés de la musique de Sunil.

Chaque semaine on diffusa de la musique indienne et européenne.

Parmi les films que nous avons vus durant ce trimestre, citons : The Lion in Winter, Soldier, Sampoorna Ramayana (tamoul). Méré bhaiya (hindi) et des documentaires russes et américains.

 

Généralités

 

Le 15 janvier la Mère a remis les saintes reliques de Sri Aurobindo à Bholanath Sen, ministre du gouvernement du Bengale de l'Ouest, et à Himansu Niyogi, président du Sri Aurobindo Pathmandir. Les saintes reliques furent placées à "Sri Aurobindo Bhavan", la maison où naquit Sri Aurobindo, et ainsi nommée par le gouvernement. A Calcutta, les reliques furent amenées jusqu'à la prison centrale d'Alipore où Sri Aurobindo fut gardé comme prévenu, puis jusqu'à la Cour d'Alipore, où il fut jugé et acquitté. Ainsi organisé par le gouvernement en collaboration avec le Pathmandir, les reliques firent le tour de tous les districts du Bengale de l'Ouest. Le 16 février les reliques arrivèrent à l'Université de Jadavpur, ancien Collège National dont Sri Aurobindo fut le directeur. De là, dans une longue procession, on amena les reliques au Sri Aurobindo

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Bhavan où elles furent installées par A. L. Dias, Gouverneur du Bengale de l'Ouest.

Le 19 février eut lieu une réunion de professeurs. On leur fit entendre une conversation de Mère, enregistrée le 8 février, où elle dit aux professeurs comment ils doivent se préparer pour le travail qu'elle attend d'eux.

Le 21 février Madhav Pandit inaugura à la fabrique de papier, une nouvelle section destinée aux professeurs à des fins éducatives.

Le 25 février eut lieu le 27e séminaire de l'Association du nouvel âge. En voici le sujet, choisi par la Mère :

 

"Comment collaborer en toute sincérité en montrant au monde que l'homme peut être un vrai serviteur du Divin ?"

 

La réponse de la Mère a été lue par Kishor Gandhi :

 

"En étant un vrai serviteur du Divin."

 

Nouvelles publications

 

Sri Aurobindo — The Mother

Satprem — The Adventure of Consciousness

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Illustrations

 

 

At Sri Aurobindo's Samadhi on the

Mother's Birthday, February 21, 1973

 

Au Samadhi de Sri Aurobindo, le 21 février 1973, pour l'anniversaire de la Mère

 

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Sri Aurobindo's Relics being taken

to Calcutta by Bhola Sen,

Minister P.W.D., West Bengal

Bhola Sen, ministre des Travaux Publics du Bengale Ouest, emporte les reliques

de Sri Aurobindo à Calcutta

 

Page – II


 

Sri Aurobindo's Relics being taken

around the Samadhi

Les reliques de Sri Aurobindo sont

portées autour du Samâdhi

 

 

The Relics at the Ashram Gate

Les reliques à l'entrée de Sri Aurobiondo

 

Page – III


 

The Dalai Lama at the Ashram

Le Dalaï Lama à Sri Aurobiondo

 

 

The Dalai Lama going round the Ashram

Le Dalaï Lama visitant Sri Aurobiondo

 

Page – IV


 

The Dalai Lama speaking at the Centre of Education

Le Dalaï Lama prononce une allocution au Centre d'Éducation

Page – V


 

Matrimandir under construction

Le Matrimandir en construction

 

 

Bharat Nivas under construction

Le Bharat Nivas en construction

 

Page – VI


 

A game of Cricket

Jeu de Cricket

 

 

Athletics: Relay-race for Senior Men

Athlétisme" course de relais pour Seniors

 

Page – VII


 

Vacation outing at Konarak

Excursion à Konârak

 

 

Vacation outing at Mahanadi, Orissa    

Excursion à Mahânadi, Orissa

 

Page – VIII


 

 

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